Une étude menée par une équipe de chercheurs des universités d’Amsterdam (Pays-Bas) et de Cambridge (Royaume-Uni), et parue dans la revue Science (une revue scientifique généraliste américaine hebdomadaire) le jeudi 24 août 2023, met en doute la crédibilité de plusieurs programmes de compensation carbone.
La conclusion de l’étude est sans détours : certains projets prétendent empêcher la déforestation de forêts tropicales dans des proportions largement supérieures à ce qui est constaté sur le terrain. Dix-huit projets de réduction des émissions de gaz à effet de serre dues à la déforestation, au sein de six pays couvrant trois continents, ont été minutieusement examinés.
Tous les projets étudiés sont supervisés par l’ONG Verra, qui domine le secteur. Ils font partie du programme « Réduction des émissions provenant de la déforestation et de la dégradation des forêts » (REDD+), développé par les Nations unies, mais dont l’organisation revient à des institutions privées.
Le marché de la compensation carbone volontaire lié à la gestion des forêts pesait 1,3 milliard de dollars (1,2 milliard d’euros) en 2021, pour 227 millions de crédits-carbone échangés, un nombre multiplié par quatre depuis 2020. Les projets de réduction de la déforestation sont dominants sur ce marché, puisque 65% de ces crédits proviennent du système REDD+.
« Il y a actuellement un développement important de ces projets », confirme Alain Karsenty, économiste au Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement.