Les océans semblent souvent être les oubliés dans le cadre de la lutte contre les changements climatiques. Leur cas est souvent évoqué lorsqu’il s’agit de la pollution par les déchets, notamment plastiques. Pourtant, les écosystèmes qui s’y trouvent subissent de plein fouet les effets du réchauffement de la planète. D’ailleurs, les océans constituent un important réservoir de carbone qu’il faut protéger. Dans le cadre de la 27e Conférence des Parties (CoP 27) à la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC), l’on enregistre une forte mobilisation en faveur de ces étendues bleues.
Les océans couvrent environ 70 % de la surface de la planète et les habitants des régions côtières, touchés de manière disproportionnée, continuent d’être en première ligne de la lutte contre les changements climatiques. En même temps, les océans ont un vaste potentiel de stockage du carbone, et les eaux côtières sont, par exemple, un lieu privilégié pour les projets d’énergies renouvelables, la protection et la restauration des écosystèmes.
En juin 2022, un dialogue sur les océans et les changements climatiques s’est tenu sur le plan international. Il y a eu dans le cadre de ce dialogue, la publication d’un rapport qui souligne l’importance vitale des océans pour les moyens de subsistance et la biodiversité, ainsi que leur rôle fondamental dans le système climatique. Le document met en évidence la nécessité d’une action climatique accrue en faveur des océans lors de la CoP 27.
Le rapport insiste sur la nécessité pour les gouvernements de promouvoir des cadres politiques clairs et à long terme pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, notamment par le biais des énergies renouvelables en mer et de la réduction des émissions dues au transport maritime. Le rapport sur le dialogue sur les océans et les changements climatiques présente 10 messages clés que les gouvernements doivent prendre en considération avant la CoP 27. Ces messages définissent les possibilités d’une plus grande ambition et d’une plus grande action en faveur du climat océanique au niveau national et international.
Ces messages sont les suivants : nous devons protéger notre océan et valoriser son potentiel en tant que lieu de solutions et d’actions climatiques durables ; les mesures basées sur l’océan offrent d’importantes possibilités d’atténuation (réduction des émissions de gaz à effet de serre) et d’adaptation (renforcement de la résilience au changement climatique) ; l’océan offre un espace pour des solutions intégrées qui peuvent être reflétées dans les politiques et stratégies climatiques nationales ; les technologies marines et les solutions fondées sur la nature marine et côtière devraient être intégrées afin de garantir une action plus solide, plus complète et plus rentable que lorsqu’on utilise l’une ou l’autre solution seule. Aussi, nous devons utiliser, améliorer et intégrer les dernières données océanographiques et autres systèmes de connaissances disponibles ; une approche globale de la société est nécessaire pour l’action océan-climat, y compris pour aborder les aspects de gouvernance ; le financement de l’action océan-climat doit augmenter et l’accès au financement doit être soutenu ; le renforcement du financement et des autres soutiens, y compris le renforcement des capacités, doivent tenir compte de la complexité afin de fournir des solutions innovantes et multidisciplinaires ; un cadre pour les efforts de collaboration entre les processus de l’ONU augmenterait le soutien institutionnel à l’action océan-climat.
Enfin, les futurs dialogues sur les océans et les changements climatiques devraient se concentrer sur des sujets distincts afin d’approfondir des solutions spécifiques qui soutiennent et renforcent stratégiquement l’action océan-climat aux niveaux national et international et dans le cadre du processus de la CCNUCC.
2022 est « la super année de l’océan ».
L’année 2022 a été baptisée « Super année de l’océan », avec un nombre important de percées dans le domaine de l’action océan-climat : en mars dernier, l’Assemblée des Nations unies pour l’environnement a décidé d’entamer des négociations en vue d’un traité mondial contraignant pour mettre fin à la pollution plastique. Lors de la Conférence des Nations unies sur les océans qui s’est tenue à Lisbonne en juin 2022, les gouvernements ont convenu collectivement d’intensifier les actions scientifiques et innovantes pour faire face à l’urgence océanique.
Le dialogue sur les océans et les changements climatiques qui s’est tenu en juin 2022 a été mandaté par les gouvernements lors de la Conférence des Nations unies sur les changements climatiques CoP 26 de l’année dernière, tenue à Glasgow en Ecosse (Royaume-Uni). Le président de l’Organe subsidiaire de conseil scientifique et technologique, l’ambassadeur de la République démocratique du Congo (RDC), Tosi Mpanu-Mpanu, a décrit le dialogue comme le début d’un nouveau mandat et d’une nouvelle opportunité pour renforcer l’action sur les océans et le changement climatique dans le cadre de la CCNUCC.
Un message clair qui est ressorti du dialogue sur les océans et le changement climatique est l’importance du « bleuissement de l’Accord de Paris », en d’autres termes, faire de l’océan un lieu d’innovation et d’action climatique réelle. « Nous devons combler le déficit de financement, notamment pour l’adaptation aux changements climatiques dans le contexte des océans. La reconnaissance officielle des résultats du dialogue sur les océans est une prochaine étape claire dans le processus de la CCNUCC qui peut orienter les financements futurs, les priorités de financement et les plans de mise en œuvre pour l’action climatique sur les océans au niveau national et local », affirme Lisa Schindler Murray du groupe d’experts de Nairobi mis en place par la CCNUCC.
Les travaux récents du Comité exécutif de la technologie (CET), du Groupe d’experts sur les océans sous le Groupe d’experts de Nairobi, de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) et de Friends of ecosystem-based adaptation (FEBA), montrent que les solutions intégrées fondées sur la technologie et la nature sont potentiellement plus solides, plus complètes et plus rentables que l’une ou l’autre solution seule, et que les mesures fondées sur les océans offrent des options importantes pour la résilience aux impacts et aux risques des changements climatiques.
Ces solutions comprennent des systèmes d’alerte précoce pour les événements extrêmes et des approches telles que la restauration de la végétation côtière parallèlement à des digues artificielles pour réduire les impacts des ondes de tempête et de l’élévation du niveau de la mer.
Edem Dadzie