Comme la plupart des conseillers municipaux et maires issus de l’opposition, Jean Pierre Fabre, président national de l’Alliance nationale pour le changement (ANC) et maire de la commune du Golfe 4 a abordé la décentralisation avec beaucoup d’enthousiasme. Après tout, n’était-ce pas le moment pour eux de montrer au parti au pouvoir qu’ils ont toujours critiqué, comment gouverner au profit des populations ? Malheureusement, 4 ans après le démarrage de cette gouvernance, l’on assiste à un certain désenchantement.
Les acteurs impliqués dans le processus de décentralisation au Togo se plaignent de beaucoup de choses. Mais, quand c’est Jean Pierre Fabre, opposant historique du régime de Faure Gnassingbé et d’Eyadema Gnassingbé, cela mérite que l’on s’y attarde. Monsieur Fabre n’est pas content de la manière dont le ministère de l’Administration territoriale, de la Décentralisation et du Développement des territoires gère ce processus.
Récemment il n’a pas hésité à parler de décentralisation frelatée. C’est un peu fort quand même … Et il revient à la charge. « L’Etat de droit ne tombe pas du Saint Esprit, cela résulte des efforts consentis par la puissance publique pour respecter les lois qu’elle se donne », a-t-il déclaré samedi dernier.
Il dénonce le blocage du budget de la commune du Golfe 4, l’annulation de l’adressage de certaines rues et le transfert de l’EPAM (Etablissement public autonome pour l’exploitation des marchés) au DAGL (District autonome du grand Lomé) par un arrêté, en lieu et place d’un décret en Conseil des ministres. « Ces violations témoignent d’une farouche volonté d’empêcher la libre administration des collectivités territoriales », s’est insurgé monsieur Fabre. Visiblement, tous les acteurs doivent revisiter la loi sur la décentralisation et les libertés locales. Quelles sont les prérogatives de l’Etat ? Quelles sont les marges de manœuvre des maires et de leurs conseils ? Autant de questions à élucider pour ramener la sérénité dans ce processus qui est irréversible.