Alors que le président de la Banque mondiale, David Malpass se rend au Togo du vendredi 31 mars au samedi 1er avril 2023, les pays africains sont bien fondés à se demander ce qu’ils peuvent attendre de cette institution financière internationale. Surtout dans le contexte de la mise en œuvre de la Feuille de route sur l’évolution de la Banque mondiale.
La Feuille de route sur l’évolution du groupe de la Banque mondiale a reconnu la crise du développement et la nécessité d’améliorer ses capacités financières pour répondre aux exigences du 21e siècle, poursuivre sa lutte contre la pauvreté, combattre le changement climatique et accroître la résilience à ses effets. Le système financier actuellement en vigueur ne répond pas aux besoins des populations vulnérables et à faibles revenus, ni au défi global que représente la lutte contre l’urgence climatique. Le monde a besoin d’institutions financières internationales adoptant des réformes qui soutiennent et responsabilisent les plus vulnérables et mettent fin à la pauvreté tout en assurant un avenir prospère pour tous.
Pour que ce rêve devienne réalité, il faudra prendre des mesures décisives pour surmonter les effets de crises convergentes. L’humanité est dangereusement proche de pousser l’augmentation de la température planétaire au-dessus de 1,5 °C. Cela contribue à la prévalence de l’extrême pauvreté, qui augmente pour la première fois depuis une génération. Cela ne doit pas se produire. Une mobilisation rapide est nécessaire pour réorienter les flux financiers au détriment des combustibles fossiles et pour surmonter les obstacles à l’investissement, notamment les contraintes liées à la notation du crédit, les risques de change et les crises de la dette auxquelles sont actuellement confrontées des dizaines d‘économies émergentes.
En 2019, la Banque Africaine de Développement a averti que si le réchauffement climatique dépasse 1,5 °C, le continent subira “des dommages collatéraux exponentiels, posant un risque systémique pour ses économies, ses investissements dans les infrastructures, ses systèmes d’approvisionnement en eau et en nourriture, sa santé publique, son agriculture et ses moyens de subsistance, menaçant de réduire à néant ses modestes progrès en matière de développement et de sombrer dans des niveaux plus élevés d’extrême pauvreté”.
L’argent public (l’argent des contribuables) ne peut à lui seul financer la transition de l’économie vers l’abandon des combustibles fossiles. Pourtant, seule une petite partie des 130 000 milliards de dollars de financement du secteur privé promis par la Glasgow Financial Alliance for Net Zero (GFANZ) a été mobilisé depuis la CoP 26. En outre, les institutions financières de la GFANZ ont investi 270 milliards de dollars dans de nouvelles infrastructures liées aux combustibles fossiles, comme l’a indiqué Reclaim Finance en janvier 2023.
Un nouveau président de la Banque mondiale prendra ses fonctions en juillet. Il devra orienter la banque vers de nouvelles approches coopératives qui favorisent une transformation durable et inclusive de la finance, des systèmes alimentaires et de la production d’énergie, tout en renforçant la résilience face aux impacts du changement climatique et aux futures pandémies. Pour être durables et inclusifs, ces investissements devront être alignés sur les Objectifs de développement durable des Nations unies, l’Accord de Paris et le Cadre mondial pour la biodiversité de Kunming-Montréal.
Citizens climate international (CCI) une organisation internationale qui œuvre en faveur des marchés de carbone, de la finance climatique et du revenu climatique fait quelques propositions à la Banque mondiale. Ce sont : Soutenir l’initiative de Bridgetown du Premier ministre de la Barbade, Mia Mottley. Elle bénéficie d’un soutien croissant et commence à porter ses fruits; Fonder toutes les réformes sur les droits de l’Homme (1) et l’égalité des sexes (2); Donner aux citoyens la possibilité d’apporter une contribution significative aux réformes. Cela doit aller au-delà des réunions de la société civile de la Banque mondiale (3); Étudier comment l’argent peut être distribué directement aux ménages dans le besoin, puis élaborer un plan de mise en œuvre pour soutenir l’activation de ces politiques.
La rédaction