La Mauritanie est jusqu’ici le seul exemple d’une victoire qui s’inscrit dans la durée contre les groupes armés terroristes dans la région africaine; la preuve implacable de la résilience d’un pays du Sahel. Les autres pays confrontés à ce phénomène devraient s’inspirer de cet exemple pour espérer en finir un jour.
Ce petit pays discret a réussi une prouesse : celle de créer un rempart contre le terrorisme. Cette performance a d’ailleurs été mise en lumière lors de la réunion du G5 Sahel en février dernier à N’Djaména et intrigue de nombreux pays qui se réunissent à ce sommet. Le 24 décembre 2007, quatre touristes français sont tués à l’arme automatique en plein désert. Le terrorisme essayait ainsi de s’installer. Ce pays aurait pu mourir à petit feu, crever de ce terrorisme qui gangrène aujourd’hui la région.
Mais c’est une tout autre voie qu’il a choisie. L’ancien président de la République au pouvoir entre 2009 et 2019 a su imaginer une stratégie globale et visiblement, les Mauritaniens ont créé une solidarité autour de ce sujet. D’ailleurs, leur façon de faire bloc autour de cette cause est assez poignante et certainement un facteur de cohésion nationale. Lorsqu’il prend les rênes du pays, Mohamed Ould Abdel Aziz profite de l’embellie économique du moment dû à un secteur minier en plein essor, et fait le choix de prioriser l’investissement dans la défense…sûrement au détriment d’autres budgets essentiels.
Mais la menace est trop forte et les Mauritaniens ont été touchés en plein cœur par les attentats de fin 2007. C’est un ancien général, sa stratégie est huilée et s’insère dans un cadre juridique qui permet d’arrêter et de juger les terroristes. La stratégie de celui qui restera dix ans au pouvoir est claire et limpide : l’armée doit devenir plus attractive que les groupes djihadistes. Il décide d’augmenter les budgets en matière de défense, et notamment les salaires des militaires pour les rendre plus attrayants.
Le budget de la défense est multiplié par quatre en dix ans, ce qui est considérable dans un pays où six personnes sur dix restent en situation de pauvreté, selon l’Unicef. Les forces terrestres sont désormais équipées de pick-up modernes et rapides ou de radars de surveillance qui surclassent ceux des djihadistes. Les routes sont surveillées par l’aérien; dès qu’un véhicule circule sans autorisation, il est immédiatement neutralisé. De nouvelles bases militaires sont installées le long des 2 200 kilomètres de frontière avec le Mali.
Complément indispensable de ce dispositif : des contrôles systématiques aux frontières et des check-points à travers tout le pays. Le ministère de la Défense a investi dans des bateaux spécifiquement adaptés, des navires remis à neuf en Espagne ou en Chine pour patrouiller ses 754 kilomètres de côtes. L’on a également assisté à un investissement conséquent dans les services de renseignement. Une bataille des esprits a été engagé, notamment à travers la sensibilisation de la population.
LP