Les dirigeants de l’organisation sous régionale ont tenu compte des avertissements du général Yakubu Gowon, ancien président de la République fédérale du Nigeria, et dernier survivant des pères fondateurs de la Cédéao. Visiblement, sa sortie médiatique a contribué à apaiser les tensions.
Quoi qu’il en soit, il clair aujourd’hui que la démocratie occidentale qui est implémentée sur le continent depuis des décennies, mais sans succès, et que la Cédéao a essayé de défendre par tous les moyens ces dernières années, ne répond pas aux aspirations des peuples, du moins pas maintenant.
Aujourd’hui, les peuples d’Afrique en général, et d’Afrique de l’Ouest en particulier sont engagés dans un nouveau combat de libération de leurs territoires. L’indépendance acquise dans les années 60 n’a semble-t-il pas été profitable; cette indépendance aurait été confisquée par les mêmes qui les ont accordés dans des conditions floues.
Plus de 50 ans après, la gouvernance au sein des États africains, surtout ceux en Afrique au Sud du Sahara, dans un contexte de mondialisation imposée par leurs partenaires occidentaux à travers certaines institutions qui sont sensées aider, ne profite pas à ces populations.
L’on parle de plus en plus de néocolonialisme, de confiscation des ressources naturelles etc… L’on comprend alors aisément le soutien populaire apporté aux auteurs de coups d’États, qui tiennent un discours souverainiste, d’autonomie, et qui s’orientent vers des partenaires non alignés sur les diktat de la « communauté internationale », essentiellement les Nations unies dominées par les occidentaux.
La Cédéao a enfin compris qu’elle ne peut pas lutter contre cette révolution populaire. Les peuples rejettent la Cédéao telle qu’elle est aujourd’hui, et l’accusent d’être à la solde de puissances étrangères, notamment la France. Une majorité écrasante des populations de la Cédéao soutient les pays de l’AES dont le Mali, le Burkina Faso et le Niger.
Les dirigeants comme le colonel Assimi Göita, le capitaine Ibrahim Traoré, et le général Abdourahamane Tiani sont considérés comme des héros par les populations, des symboles de la libération du continent africain, à commençant par l’Afrique de l’Ouest. Maintenant que la Cédéao a décidé d’accepter ces pays en son sein et de ne plus mettre personne sur le banc de touche, qu’espérer ?
Il est évident que la coopération au sein de la communauté ne sera plus guidée par des principes démocratiques que presque personne n’arrive à respecter vraiment. La diversification des partenariats va se renforcer, et aucune puissance n’aura plus le monopole de la coopération avec la Cédéao.
D’ailleurs, récemment, la Cédéao, et d’importants pays membres comme le Nigeria ont annoncé leur volonté de se rapprocher un peu plus de la Russie, une puissance qui semble rassurer les peuples sur ses intentions. Désormais, il faudra s’attendre à voir les hommes en treillis aux sommet des chefs d’État. C’était d’ailleurs le cas à la création de l’organisation.
Il ne faudra peut-être pas s’attendre à ce que les premiers dirigeants de ces pays débarquent au futur sommet. Il n’est pas évident qu’ils fassent complètement confiance à leurs pairs. Certains, sinon tous vont sans doute privilégier l’envoie de représentants, en attendant de juger de la bonne foie de la Cédéao.
Quoi qu’il en soit, il faut s’attendre à ce que des divergences se poursuivent prochainement, notamment, sur la question des partenariats, et sur l’épineuse question monétaire. L’Eco, la monnaie unique de la zone va-t-elle finalement voir le jour ? L’AES ne risque-t-elle pas de surprendre tout le monde par la création d’une monnaie ?
Pour le moment, les dirigeants des quatre pays concernés n’ont pas encore réagi à l’invitation de la Cédéao à rejoindre le groupe. La réaction de l’AES est particulièrement attendue. Les pays membres de cette organisation vont-ils accepter de retirer leur décision de s’en aller ? Quelle Cédéao d’ici 2025 ?