La neuvième session du Forum régional africain sur le développement durable (FRADD-9) s’est tenu à Niamey la capitale du Niger du 28 février au 2 mars 2023. La rencontre a permis de réfléchir à comment accélérer la reprise inclusive et verte après de multiples crises et à la mise en œuvre intégrée et intégrale de l’Agenda 2030 des Nations unies pour le développement durable et de l’Agenda 2063 de l’Union africaine.
Non seulement le continent africain souffre de son retard en matière de développement, mais aussi, il souffre de chocs exogènes, notamment le changement climatique (alors qu’il pollue peu), la guerre russo-ukrainienne et ses corollaires (alors que le continent ne veut pas de cette guerre), le terrorisme etc… Il y a une crise sans précédent du coût de la vie qui a plongé quelques 23 millions de personnes en Afrique dans l’extrême pauvreté en 2021 selon les Nations unies.
Vue partielle des participants (crédit photo : Africa 21)
« Nous sommes dans une ère de crises multiples, les pays africains ont peu de ressources, et leurs capacités de mobilisation de ressources a été réduite en raison de crises multiples. Il y a la crise de la Covid-19 et la guerre qui perdure en Europe avec un impact très prononcé sur les chaines d’approvisionnement en ce qui concerne l’alimentation, le prix des énergies. Tout cela a un impact très néfaste sur les populations et les économies », a relevé Jean-Paul Adam, directeur de la Division technologie, changement climatique et gestion des ressources naturelles à la CEA.
« Nous nous réunissons au Sahel où l’urgence climatique exacerbe une insécurité croissante, la propagation du terrorisme et une situation humanitaire catastrophique. Nous nous dirigeons actuellement vers 2,7 degrés Celsius de réchauffement, ce qui pourrait se traduire par une perte de près de 15% du PIB dans la région du Sahel », a indiqué Amina Mohammed, secrétaire générale adjointe des Nations unies.
Le président Mohammed Bazoum du Niger à l’écran (crédit photo : Africa 21)
Au-delà du continent dans son ensemble qui subit de plein fouet les conséquences des différentes crises mondiales, le Sahel, et dans une certaine mesure, la corne de l’Afrique sont les zones les plus sinistrées. Alors qu’il reste sept ans pour réaliser les Objectifs de développement durable (ODD) pour éradiquer l’extrême pauvreté, les inégalités, la faim, la destruction des ressources naturelles, réduire l’impact du changement climatique, renforcer la coopération internationale et la paix etc… on a plutôt l’impression que le fossé se creuse davantage. Atteindra-t-on les ODD en 2030 ? Où faudra-t-il les reconduire ? Et au niveau africain, où en est-on exactement avec l’agenda 2063 ? L’on ne sent pas véritablement une synergie d’action entre les dirigeants du continent et leurs populations pour sa concrétisation.
D’ailleurs, les populations sont-elles suffisamment sensibilisées et informées sur les exigences de l’agenda 2063 ? « À mi-parcours des Objectifs de développement durable et de l’Agenda 2063, nous sommes loin d’être là où nous devons être », a reconnu Amina Mohammed. Cela n’est pas surprenant. Ce que vivent les populations confirme cette déclaration. Mais, poursuit la vice-secrétaire générale des Nations unies : « Ce n’est pas le moment de désespérer. Au contraire, l’heure est à la solidarité, au leadership et à l’engagement dans les actions que nous devons entreprendre pour mettre en œuvre ces agendas ».
Jean-Paul Adam (crédit photo : Nations unies)
Selon elle, grâce à des solutions dirigées par des Africains, nées sur le sol africain, il est possible de changer de cap et de relever le défi de l’Agenda 2063 et des Objectifs de développement durable. Cela veut dire qu’il faut identifier les Africains qui s’investissent sur le terrain pour faire bouger les lignes et leur apporter un soutien tant technique que financier. Beaucoup abandonnent faute de moyens. Alors que les moyens existent. « Nous devons réfléchir à comment enclencher une relance verte, permettre aux pays africains de restructurer leurs économies autour de la vraie valeur des ressources naturelles, développer les chaînes de valeurs d’une manière qui permet d’utiliser pleinement les avantages de la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf) », a préconisé Jean-Paul Adam.
L’accord de libre-échange continental a le potentiel de sortir 30 millions de personnes de la pauvreté extrême selon les Nations unies. Qu’attendent alors les dirigeants pour favoriser une opérationnalisation réelle de la Zlecaf ? La rencontre de Niamey doit avoir le mérite de sortir les pays africains de la léthargie. Pour rappel, le forum a été organisé conjointement par la Commission économique pour l’Afrique (CEA) et le gouvernement du Niger, en collaboration avec la Commission de l’Union africaine, la Banque africaine de développement (BAD) et d’autres entités du système des Nations unies.
Edem Dadzie
Article publié dans le cadre des activités du Réseau des journalistes africains spécialisés sur le développement durable et le changement climatique (Africa 21)