Au Sénégal, la situation demeure confuse malgré l’acceptation par le président Macky Sall de la décision du Conseil constitutionnel, lui ordonnant d’organiser les élections dans les meilleurs délais.
Dans une sortie médiatique effectuée le jeudi 22 février 2024, le président sénégalais a fait savoir qu’il ne dépassera pas le 2 avril 2024 au pouvoir. Par ailleurs, il tient à son dialogue et veut entamer des consultations dès lundi prochain avec les forces vives de la nation sénégalaise.
Mais, beaucoup d’observateurs se demandent pourquoi au lieu d’organiser les élections et de passer le pouvoir à son successeur, Macky Sall cherche par tous les moyens à gagner du temps ? La mouvance Sonko fait-il autant peur ? Qui encourage au juste le président sortant à agir ainsi ?
Une majorité écrasante des candidats à l’élection présidentielle prochaine (16 sur 19) rejette l’appel au dialogue lancé par Macky Sall. Pour le collectif citoyen Aar Sunu Election, il s’agit d’une « tentative de diversion ». Il est évident que la société sénégalaise est réfractaire aux initiatives du président Sall. Elle veut une seule chose : les élections.
Va-t-il encore tenter un passage en force en organisant un dialogue non représentatif des composantes politiques et civiles de son pays ? Dans ce cas, il ne pourra pas appliquer les conclusions de ce dialogue, au risque d’occasionner une explosion de colère.
Beaucoup pensent que Macky Sall veut délibérément tomber dans l’illégalité et quitter le pouvoir sans organiser les élections. Dans ce cas, il sera remplacé par le président de l’Assemblée nationale qui lui serait favorable.
Certains même affirment qu’un coup d’État favorable aux intérêts du pouvoir en place est en préparation. Et selon les tenants de cette thèse, Macky Sall serait soutenu par des partenaires occidentaux qui auraient peur que le pays bascule entre les mains d’un régime panafricaniste qui s’alignerait sur les régimes militaires du Mali, du Niger, et du Burkina Faso.
Donc, ce que souhaitent les partenaires du pouvoir de Macky Sall, c’est de voir un régime qui leur est favorable prendre le pouvoir. Et comme la candidature d’un certain Karim Wade a été invalidée, l’on a pris le prétexte d’une enquête parlementaire initié par son parti, le PDS pour arrêter le processus électoral.
Actuellement, la manœuvre qui est en cours, est de reprendre le processus électorale à zéro afin d’inclure les absents, qui sont les favoris de certains pays étrangers. Le Conseil constitutionnel a pour sa part déjà tranché, et actuellement, la seule chose qu’il reste à faire est d’organiser ces élections.
Pour éviter une situation d’incertitude après le 2 avril prochain, le Conseil constitutionnel n’aura pas d’autres choix que de prendre des dispositions pour que le processus électoral actuellement en cours soit mené à son terme.
Mais, si les Sénégalais s’entendaient pour que les candidatures soient rouvertes, et que tous les acteurs précédemment exclus, notamment Ousmane Sonko soient pris en compte, il est possible qu’un consensus soit trouvé, et que le pays soit pacifié.