D’année en année, les Brics qui viennent d’organiser leur 15è sommet deviennent de plus en plus puissants sur les plans politique et économique. Les pays africains qui depuis leurs indépendances font des expériences décevantes avec des institutions contrôlées par les occidentaux peuvent-ils finalement trouver en les Brics, une opportunité pour leurs émergences ?
Dans les années 90, les programmes d’ajustement structurels de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international (FMI) ont davantage appauvri le continent. Or, ce sont ces mêmes institutions et les pays qui les contrôlent qui ont prêté des milliards de dollars aux pays d’Afrique pour de gigantesques projets sans lendemains (les éléphants blancs).
Les programmes d’ajustement structurel pour réduire la dette ont entraîné des coupes sévères dans les subventions à la santé, l’éducation et les projets de développement rural. Les démunis, dont les femmes, en sont profondément affectés. Les pays de la zone franc CFA ont connu le phénomène de la dévaluation. Un autre problème qui empêche ces économies d’émerger.
Malgré cela, la dette des pays africains n’a cessée d’augmenter jusqu’au programme des Pays pauvres très endettés (PPTE) au début des années 2010. Les puissances étrangères ont prétendu avoir annulé la dette des pays éligibles. Mais, l’on ne cesse de parler de dette. L’aide publique au développement qui est en place depuis des décennies est inefficace.
Les intérêts qui accompagnent les prêts aux États handicapent aussi le développement. Il est clair que les pays africains qui disposent d’importantes ressources naturelles doivent mettre sur pied des industries de transformation, créer un vaste marché à travers le continent (opérationnalisé la Zlecaf), disposer de sources d’énergies fiables, contrôler les prix des matières premières et vendre leurs produits aux plus offrants.
Et c’est là que pourraient intervenir les Brics, un groupe de puissances émergentes qui proposent une alternative à l’hégémonie occidentale sur le marché mondial. Ces pays ont déjà mis en place une banque qui est dirigée actuellement par l’ancienne présidente du Brésil, Dilma Roussef. Les dirigeants des Brics parlent de plus en plus de la création d’une monnaie et de dédollarisation.
Le dollars est en effet devenu ces dernières années une monnaie au service des chantages géopolitiques. Après l’élargissement en cours, les Brics seront 4 fois plus grands que le G7 en population et détiendront 44% des ressources mondiales de pétrole. Il est donc possible que les pays africains dont trois sont déjà membres du groupe, de profiter des opportunités qu’offrent les Brics.
Selon le président russe Vladimir Poutine, les Brics prônent un ordre mondial qui serait réellement équilibré et tiendrait compte des intérêts de plusieurs pays tout en préservant la diversité des peuples. Voilà qui tranche complètement avec les discours et l’attitude de concurrence et d’hégémonie des pays occidentaux…
Tout en comptant d’abord sur leurs propres capacités, en exhortant leurs populations à se mettre au travail et à éviter les vices comme la corruption, lutter contre l’insécurité (le terrorisme notamment), les pays africains pourraient sans doute profiter de cette nouvelle configuration mondiale pour sortir la tête de l’eau !
Serge Lenoir