Burkina Faso : A quoi a finalement servi l’insurrection populaire contre Blaise Compaoré ?

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Au moment où l’on annonce tambours battant le retour presque triomphale de l’ancien président du Burkina Faso Blaise Compaoré, il convient de faire un petit bilan de l’insurrection populaire qui l’a emporté en 2014. Cela aura-t-il finalement servi à quelque chose ? 

Quand Blaise Compaoré était au pouvoir, on n’entendait pas ces histoires de groupes djihadistes qui attaquent les populations, les tuent et les chassent de leurs terres, au point de menacer le Togo voisins qui vivait depuis des décennies dans la quiétude. L’étau du terrorisme qui s’est resserré sur les pays côtiers dont le Togo est nouveau. Ce phénomène a commencé en 2015, à la suite de la chute du régime de Blaise Compaoré, la mise en place d’une transition et l’arrivée au pouvoir de Roch-Marc Christian Kaboré. Qu’est-ce qui n’a pas marché ?

A l’époque, les Burkinabés étaient visiblement fatigués du pouvoir des Compaoré qui venait de boucler plus de 20 ans à la tête de leur pays et voulaient qu’ils s’en aillent et surtout, que le président Compaoré puisse être jugé pour l’assassinat de son ami Thomas Sankara. On comprends donc la réticence de ce dernier et du système qu’il portait à quitter le pouvoir. Ainsi, il a décidé de modifier la Constitution pour se maintenir alors qu’il venait de terminer définitivement ses années au pouvoir.  Le peuple mobilisé par un certain nombre de mouvements de la société civile dont le Balaie citoyen, y a vu une occasion en or pour en finir.

Et cela a marché. Malgré son volt-face, Blaise Compaoré n’a pas réussi à stopper la vague de colère qui menaçait son pouvoir. Il n’avait pas d’autres choix que de s’enfuir et de se réfugier en Côte d’Ivoire. Quelques années plus tard, alors qu’il a été condamné dans l’affaire Thomas Sankaré, que la situation sécuritaire s’est complètement dégradée et qu’il y a eu un coup d’État contre le président en place depuis 2015, Blaise Compaoré est invité selon les informations par le président de la transition, le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, presque comme un sauveur, pour apporter son expertise dans la lutte contre le terrorisme.

Finalement, était-il nécessaire de faire l’insurrection de 2014 ? Les Burkinabés s’en mordent sans doute aujourd’hui les doigts. La solution dans nos pays africains où des régimes ont duré au pouvoir, n’est certainement pas l’insurrection… Renvoyer celui qui était au pouvoir comme un malpropre, l’humilier, le juger etc… n’apporte visiblement  rien à la suite de la construction du pays. Il y a certes des comptes que les gens doivent rendre d’une manière ou d’une autre. Mais, vu la fragilité de nos pays, le mieux est peut-être d’éviter toute vengeance, d’abandonner la justice des vainqueurs.

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