La voix du continent africain est de plus en plus entendue sur la scène internationale. Elle devrait prendre les devants d’ici 15-20 ans. N’importe quel Africain serait heureux d’assister à une telle révolution. Toutefois, même si le continent dispose du potentiel pour y parvenir, des pesanteurs persistent.
« L’Afrique est le continent du XXIe siècle et se trouve actuellement dans la position d’un tigre sur le point de bondir », affirme Irina Abramova, directrice de l’Institut de l’Afrique de l’Académie des sciences de Russie. Selon elle, le même processus était observé en Chine, au début des années 2000. On observe la même situation en Inde. Malheureusement, comme elle le fait savoir, il persiste des formes de domination qui ne facilitent pas l’émancipation de l’Afrique.
« Seuls les outils du colonialisme ont changé. Si auparavant il s’agissait de vol direct et d’asservissement, il s’agit désormais de formes plus sophistiquées. Ce sont notamment l’utilisation d’instruments tels que la domination du dollar, la destruction de l’identité nationale, le rétrécissement de l’espace d’utilisation de sa propre langue, la corruption des élites, toutes sortes de sanctions », fait-elle observer.
« L’instrument principal, bien entendu, est la domination du dollar, car, quoi qu’on en dise, la plupart des transactions mondiales continuent de s’effectuer dans cette monnaie. En effet, les États-Unis ont une fonction d’émission, et sont essentiellement propriétaire de la monnaie de réserve depuis l’introduction du système de Bretton Woods en 1947. En fait, ils transfèrent leurs problèmes sur le monde entier, y compris leurs dettes », explique Irina Abramova.
La réalisation de transactions en devises locales semble constituer un moyen de transition. Néanmoins, il faut respecter l’équilibre commercial entre les participants. « Je pense que l’avenir réside en réalité dans les monnaies numériques. Et d’ailleurs, à cet égard, on ne peut pas dire que l’Afrique est en avance sur les autres, mais c’est une région assez développée en termes de cryptomonnaies », a poursuivi la spécialiste russe.
« Plusieurs pays africains figurent parmi les dix leaders mondiaux des paiements en ligne. L’Afrique est également en tête, du moins en termes de taux de croissance. Je donne toujours l’exemple que le premier paiement en ligne au monde n’a pas eu lieu aux États-Unis, ni en Europe, mais dans un pays africain, le Kenya », a indiqué la chercheuse.
LP