Du 12 au 14 mai 2025, la capitale du Togo, Lomé, sera le cadre propice pour les pays africains de se pencher sur la problématique de la dette publique. Les préparatifs se déroulent activement.
Ces dernières années, Lomé a renoué avec les grands évènements internationaux. La diplomatie agissante des plus hautes autorités du pays ; dont le président du Conseil Faure Gnassingbé, la paix chèrement préservée, et les choix en matière de gouvernance font du pays ; font que le Togo est constamment sollicité par les instances continentales et internationales pour jouer un rôle de premier plan.
La dette publique est une véritable gangrène pour la gouvernance des pays africains. La Banque africaine de développement (BAD) estime que la dette extérieure totale de l’Afrique, qui s’établissait à 1 120 milliards de dollars américains en 2022, a atteint 1 152 milliards de dollars à la fin 2023.
Avec des taux d’intérêt mondiaux à leur plus haut niveau depuis 40 ans et l’arrivée à maturité, l’année dernière, de nombreux titres de dette obligataire émis par les pays africains, les défis ne manquaient pas en 2024.
L’Afrique a payé 163 milliards de dollars au titre du service de la dette rien que pour l’année 2024, ce qui constitue une forte augmentation par rapport aux 61 milliards de dollars de 2010.
Le poids grandissant du service de la dette pourrait nuire aux Objectifs de développement durable (ODD) sur le continent, notamment dans la santé, l’éducation et les infrastructures.
Bien que la dette publique médiane ait été ramenée à 65% du PIB par rapport à 68% en 2021 ; en raison des effets positifs des mesures d’allègement de la dette, notamment l’Initiative de suspension du service de la dette ; le niveau d’endettement des pays africains est toujours plus élevé qu’avant la pandémie de Covid-19 (61%). Vingt-cinq pays d’Afrique sont en situation de surendettement ou présentent un risque élevé de surendettement.
« Une approche multilatérale exige que nous comprenions la structure de la dette elle-même, ce qui change et comment nous pouvons y répondre », relevait le président du Groupe de la Banque africaine de développement, Akinwumi Adesina, en décembre 2023 lors du Forum de Doha, sur le thème : « Décrypter la dette, dévoiler les solutions multilatérales ».
Selon la Banque, la structure de la dette africaine a changé de façon spectaculaire. Alors que la dette bilatérale représente désormais 27% de l’endettement, contre 52% en 2000, la dette commerciale compte pour 43% de l’endettement total (20% en 2000).
« L’expansion et la fragmentation de la base créancière compliquent le règlement de la dette par les institutions de Bretton Woods », s’inquiète le président de la Banque.
L’une des difficultés de la résolution de la dette réside aussi dans son extrême lenteur. Des quatre pays africains (Tchad, Éthiopie, Zambie et Ghana), à solliciter un traitement de la dette au titre du Cadre commun du G20, seule la Zambie a achevé en 2023 le processus qui lui permet de bénéficier de cette facilité.
« Il est urgent de réformer l’architecture mondiale du système financier et de la dette afin de réduire les coûts, les délais et les complications juridiques de la restructuration de la dette des pays africains », insistait M. Adesina aux Assemblées annuelles 2023 de la Banque à Charm el Cheikh, en Égypte.
Et pour éviter des coûts élevés et limiter la probabilité d’une nouvelle crise de l’endettement, l’Afrique devrait faire pression en faveur d’une transparence accrue et d’une coordination mondiale entre les créanciers, insistait M. Adesina.
Mensan