Selon le tout récent rapport de l’Organisation météorologique mondiale (OMM) sur l’état du climat en Afrique 2023 (page 7), l’élévation accélérée du niveau de la mer représente une grave menace pour de nombreux pays côtiers du continent.
Les données satellitaires révèlent des hausses particulièrement rapides dans certaines régions, exacerbant les risques d’inondation et compromettant les moyens de subsistance des populations côtières.
Les pays riverains de la mer rouge affichent le taux d’élévation le plus alarmant, avec une hausse de 4,1 mm par an entre 1993 et 2024, selon Celeste Saulo, secrétaire générale de l’OMM.
« Ces chiffres témoignent de la vulnérabilité des pays riverains comme l’Égypte, le Soudan, l’Érythrée, Djibouti et la Somalie face à la menace grandissante de l’élévation du niveau marin », affirme Celeste Saulo.
Cette progression fulgurante du niveau des eaux met en péril les zones côtières de plusieurs pays d’Afrique de l’Est bordant cette mer semi-fermée.
Les pays riverains de l’océan indien occidental ne sont pas épargné, enregistrant une hausse moyenne de 4 mm/an le long des côtes de la Somalie, du Kenya, de la Tanzanie, du Mozambique, de Madagascar et de Maurice.
Les répercussions sur les écosystèmes marins, la pêche et le tourisme côtier sont déjà palpables dans ces régions très dépendantes des ressources océaniques.
Entre autres villes côtières concernées, l’on peut citer Mogadiscio (Somalie), Mombasa (Kenya), Dar es Salaam (Tanzanie), Maputo (Mozambique), Antananarivo (Madagascar).
Le long de l’Atlantique, les pays de l’Afrique centrale et de l’Ouest sont confrontés à des hausses de 3,7 mm par an en moyenne.
« Des mégalopoles comme Lagos, Abidjan ou Accra sont en première ligne face à cette montée des eaux, avec des risques considérables pour les infrastructures portuaires et les zones d’habitation densément peuplées », explique le rapport.
Bien que les taux d’élévation du niveau de la mer soient légèrement moins alarmants dans l’Atlantique (3,6 mm par an) et en Méditerranée (3 mm par an) par rapport à la mer Rouge, les pays du Nord de l’Afrique n’en sont pas moins vulnérables face à cette montée des eaux.
Au Maroc, les villes côtières comme Tanger, Casablanca ou Agadir ne sont pas épargnées par l’érosion des plages et la submersion de certains quartiers en cas de tempêtes et vagues de fort coefficient.
Les infrastructures touristiques balnéaires, économiquement très importantes, sont particulièrement à risque.
En Algérie, c’est la région agricole de la plaine de la Mitidja autour d’Alger qui pourrait être impactée par des inondations répétées et la salinisation des sols cultivables en cas de poursuite de la montée du niveau marin en Méditerranée.
En Tunisie, l’île de Djerba et de nombreux sites du littoral attirant des milliers de touristes chaque année sont déjà confrontés à des problèmes d’érosion côtière accélérée. Des mesures de protection s’avèrent indispensables.
Face à cette situation alarmante, de nombreux programmes d’adaptation sont lancés par les Nations unies, l’Union Africaine et ses États membres, avec le soutien financier indispensable des pays développés.
Il s’agit de construire des digues de protection, de réaliser des remblais pour défendre les zones basses, ou dans certains cas de réinstaller des communautés dans des zones plus sûres à l’intérieur des terres.
Cependant, les moyens techniques et financiers demeurent très inégaux selon les pays, creusant un fossé de vulnérabilité. Les nations les plus pauvres peinent à mettre en œuvre des politiques d’adaptation ambitieuses, faute de ressources suffisantes.