A Saint-Louis au Sénégal, des chercheurs expérimentent des plants adaptés au climat sahélien, et qui surtout sont des plantes thérapeutiques pour la santé humaine et de la nature. Cette initiative s’inscrit dans le projet pharaonique de la Grande muraille verte.
« Le manque d’appropriation par les populations est la grosse faiblesse de la Grande muraille verte. Elles ne voient pas l’intérêt direct de planter des arbres puis de les protéger et de les entretenir, car l’impact sur le changement climatique n’est pas visible immédiatement. L’idée est donc de les motiver en plantant des arbres aux propriétés médicinales et alimentaires, qui leur permettent de se soigner et de se nourrir », explique le docteur Sidy Mohamed Seck, maître de conférences agrégé en néphrologie et l’un des initiateurs du projet.
Le jardin thérapeutique n’en est qu’à ses débuts. Une fois que les plants auront poussé, l’objectif est de les transférer dans une partie de la ferme agricole, où ils resteront le temps de se renforcer et de s’adapter au climat avant d’être réintroduits dans la zone de la Grande muraille verte.
« C’est intéressant de le faire à Saint-Louis, car nous avons le même climat, sec et aride, que celui qui prévaut sur le tracé de la Grande muraille verte. C’est un bon endroit pour expérimenter l’acclimatation de certaines espèces », explique le docteur Seck. Au total, dix plantes adaptées au climat sahélien ont été sélectionnées, parmi lesquelles le jatropha ou pourghère, un arbuste qui pousse dans les zones semi-arides.
En plus de pouvoir produire du biocarburant avec l’huile extraite de ses graines, les populations utilisent sa sève, un latex translucide qui cicatrise les plaies ou soigne les diarrhées. « Cette plante était utilisée pour former les haies, mais, avec l’urbanisation et l’usage croissant des grillages, elle se fait de plus en plus rare », note le médecin, qui s’est spécialisé dans la phytothérapie depuis une dizaine d’années.
Autre plante inscrite dans cette expérimentation : la vernonia est surnommé « docteur » au Sénégal (il est préconisé en cas de fatigue, diabète, infections, problèmes de digestion ou cholestérol… Riche en polyphénols qui agissent sur le système cardio-vasculaire et la réparation cellulaire, la vernonia contribue à la santé du système respiratoire).
Le moringa fait également partie de la liste. « Le moringa est résistant, facile à répliquer et nutritif. Il est utilisé contre le diabète et ses graines purifient l’eau de mauvaise qualité. C’est une plante à usages multiples ! », affirme le chercheur.
Le Papyrus et Le Monde