Au Niger, le coup d’État intervenu il y a quelques jours continu de s’approfondir. Les putschistes renforcent leurs pouvoirs de jour en jour. Les militaires sont même soutenus par un grand nombre de Nigérien, ainsi que par l’opinion publique africaine.
Comme au Mali et au Burkina Faso, l’orientation que prend ce coup d’État, semble s’éloigner de la France et de la Cedeao vers la Russie et ses alliés. L’initiative du général Mahamat Idriss Déby, président de la transition du Tchad, n’a pas de véritable chance de réussir.
L’ancien président Issoufou Mahamadou a aussi entrepris une médiation qui jusqu’ici n’aboutit pas. D’ailleurs, son propre fils (Sani Issoufou) fait partie des autorités de l’ancien régime qui ont été mis aux arrêts par les autorités militaires. La situation est donc hors de son contrôle.
Réunis le dimanche dernier à Abuja au Nigeria pour un sommet extraordinaire, les chefs d’État et de gouvernements ont donné une semaine aux putschistes pour rétablir l’ordre constitutionnel. Ceux ci n’excluent pas l’usage de la force, notamment une intervention militaire.
Pendant ce temps, les militaires qui sont aujourd’hui à la tête du Niger accusent la France de tenter une intervention militaire en complicité avec certains de leurs compatriotes. C’est visiblement ces personnes soupçonnées d’accompagner la France que l’on est en train d’arrêter depuis quelques heures.
Dans un communiqué lu à la télévision publique malienne, les gouvernements du Mali et du Burkina Faso apportent leurs soutiens à la nouvelle junte nigérienne. Selon eux, une intervention militaire de la Cedeao au Niger constituera une déclaration de guerre pour leurs pays aussi.
Les deux pays promettent de soutenir les Forces de défense et de sécurité (FDS) du Niger et même de sortir de la Cedeao. De plus un coup d’État ne vient pas du néant. Il est clair que le coup d’État au Niger a été préparé et que les organisateurs visibles ou invisibles ont pensé à toutes les éventualités et s’y sont préparés.
Les militaires ne sont pas contestés par les Nigériens. Au contraire, ils en ont reçu un soutien important. Sans compter que comme le Mali et le Burkina Faso, le Niger a déjà basculé dans le bloc russe. La lecture des événements ne trompe pas.
Cela veut dire que la Russie pourrait soutenir directement ou indirectement les nouvelles autorités en poste à Niamey. Intervenir militairement au Niger risque d’être un carnage. Les forces qui se mettent en place dans le cadre d’une éventuelle intervention militaire sont importantes.
Le député togolais Gerry Taama craint que la guerre de géopolitique qui endeuille l’Ukraine depuis des mois ne se délocalise au Niger. Il faut préciser que le Mali, le Burkina Faso, et la Guinée ont rejeté les sanctions de la Cedeao contre le Niger. La Guinée parle même d’une possible dislocation de la Cedeao.
Une intervention militaire au Niger dans ces conditions est une menace même pour les pays de la Côte. Le Togo qui se démarque souvent peut peut-être calmer les ardeurs. Le président togolais Faure Gnassingbé et sa diplomatie agissante, de recherche de la conciliation, de la paix, sont à nouveau interpellés.
LP