Alors même que les pays d’Afrique de l’Ouest, du Centre et d’autres régions du continent connaissent des inondations importantes, les prévisions de la Task Force “inondations” pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre créée au sein du groupe régional dédié à la préparation et à la réponse aux urgences (EPR) sont inquiétantes. Ces prévisions sont contenues dans une note élaborée par la Task Force au cours de ce mois de juillet 2023.
Selon elle, les prévisions saisonnières suggèrent que sur les périodes de juillet, août et septembre 2023, la bande sahélienne serait « plus humide » que la norme, avec des quantités de pluies excédentaires sur le Mali, le Sud Mauritanie, le Nord Guinée, le Burkina Faso et l’extrême Ouest du Niger. Des quantités de pluies entre « moyennes » à « excédentaires » sont aussi attendues sur le Cap Vert, le Sénégal, la Gambie, le Sud-ouest de la Mauritanie et sur le reste de la bande sahélienne (Niger, Tchad et les parties Nord du Togo, du Bénin, du Nigéria et du Cameroun).
L’analyse classifie cette période comme étant globalement « pluvieuse » et elle présage une augmentation du niveau du risque lié aux inondations. Ces conclusions sont confirmées par l’analyse du niveau de risque d’inondations mise à jour par le Programme alimentaire mondial (PAM).
Analyse de l’impact humanitaire de ces prévisions
En juin 2023, l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a souligné que le risque
accru d’inondations pendant les mois à venir pourrait aggraver une situation d’insécurité alimentaire déjà alarmante dans la région. Les inondations des cultures et la perte de récoltes ainsi que la destruction des biens matériels et des vies animales dans les localités exposées sont des risques identifiés qui pourraient contribuer à l’accroissement de l’insécurité alimentaire des populations affectées. Déjà en 2022, environ 2,7 millions d’hectares de cultures ont été détruits entraînant la perte des moyens de subsistance pour environ 1,4 million de personnes.
Au vu des prévisions énoncées par les institutions météorologiques, la contamination des points d’eau est à craindre, pouvant favoriser l’apparition et la propagation d’épidémies et d’autres maladies d’origine hydriques (choléra, diarrhée, malaria, dengue, bilharziose, etc.). Ces risques sont encore plus élevés pour les groupes les plus marginalisés et vulnérables tels que les femmes, les personnes handicapées, les personnes déplacées et les enfants.
L’éventuelle destruction des habitations, des infrastructures et de leurs équipements (centres de santé, écoles, marchés, etc.) pourrait impacter les moyens de subsistance des populations ainsi que leur capacité d’accès aux services sociaux de base (soins de santé primaire, éducation etc.). Les fortes pluies de 2022 ont entraîné le déplacement d’environ 3,2 millions de personnes et la destruction de plus de 517 000 habitations.
Les recommandations de la Task Force pour la préparation et la réponse aux risques d’inondations
Identification des mécanismes d’alerte existant et leur fonctionnement : prendre connaissance des niveaux d’alertes et assurer des procédures de diffusion pour que les alertes arrivent aux personnes vivant dans les zones en danger.
Mise à jour de l’analyse des risques et renforcement des mécanismes de suivi dans les zones exposées à un niveau de pluviométrie et de risque d’inondations entre « normal » et « excédentaire », en impliquant tous les acteurs principaux (autorités locales, acteurs humanitaires et du développement, services hydrologiques et météorologiques au niveau national, instituts de recherche, etc.). Il s’agit des suivantes :
Zones administratives présentant un risque d’inondation « moyen » ou « élevé », situées dans des bassins fluviaux dont les niveaux attendus sont supérieurs à la moyenne ;
Zones administratives à « haut » risque d’inondation situées dans des bassins fluviaux dont le niveau attendu est moyen ou supérieur à la moyenne ;
Toutes autres zones identifiées comme étant « fortement » exposées aux inondations.
Lancement d’action d’anticipation visant à mitiger et prévenir l’impact des inondations sur les ménages, les biens, les moyens d’existence et la santé, à travers le déclenchement de fonds pré-positionnés.
Identification des actions prioritaires multisectorielles de préparation et de réponse à mettre en œuvre dans l’immédiat ainsi qu’en cas d’urgence, y compris les aspects liés à la coordination, l’analyse des besoins et la gestion de l’information, l’anticipation des risques liés à l’accès, la communication, etc.
Activation des mécanismes de préparation au sein des différents secteurs d’intervention (santé, sécurité alimentaire, protection civile, éducation etc.) et renforcement des stocks de contingence disponibles au niveau pays, au niveau des zones à haut risque et avec risque élevé de limitation de l’accès en cas d’une éventuelle réponse d’urgence.
Renforcement de capacité pour tous les acteurs, pour assurer une assistance efficace.
Renforcement des activités de communication et de sensibilisation auprès des communautés locales dans les zones à risques, en collaboration avec des médias locaux et des systèmes d’alerte précoces existants à base communautaire.
Pré-identifier les opportunités de financement disponibles au niveau du pays et au niveau régional pour le déclenchement des activités de préparation et de réponses d’urgence.
LP