D’ici fin août 2025, il ne devrait plus avoir un seul élément des Forces Françaises en Côte d’Ivoire (FFCI) sur le territoire ivoirien. C’est ce qui ressort d’un document-programme du ministère de la Défense ivoirien. Cette date marquera la fin de plus d’un siècle de présence militaire française en Côte d’Ivoire, sans discontinuité, l’armée coloniale étant arrivée dans ce pays depuis 1893.
Les quelque 1000 militaires français présents en Côte d’Ivoire quitteront donc le pays avant la fin du mois d’août prochain. Après son arrivée au pouvoir en 2011, le président Alassane Ouattara qui a contribué à désintégrer l’armée ivoirienne, a réussi non sans difficulté à la faire remonter en puissance en termes d’équipements et d’opérationnalité des hommes. Cela a donc rendu la présence de l’armée française dans ce pays non-indispensable, pour ne pas dire inutile pour la Côte d’Ivoire.
Ainsi, dès le 30 janvier 2025, la base française connue sous l’appellation de Camp du 43ème Bima (Bataillon d’infanterie de marine), sera baptisée Camp GCA Ouattara Thomas d’Aquin. Le Général de corps d’armée (GCA) Ouattara Thomas d’Aquin fut le 1er Chef d’État-major général des armées ivoiriennes, de 1961 à 1974. Des soldats ivoiriens ont déjà pris leurs quartiers au sein du camp situé à Port-Bouët, où ils cohabitent avec les militaires français, depuis quelques semaines.
Ce même 30 janvier 2025, différents documents juridiques seront signés entre officiels ivoiriens et français, permettant à la partie ivoirienne de jouir légalement des logements et d’autres équipements logistiques que laissera sur place l’armée française. Le 17 septembre dernier, la France a cédé aux autorités ivoiriennes le camp d’entraînement qu’elle avait construit à Lomo Nord, près de Bouaké.
Dans un document de l’armée française, ce camp est présenté comme un « site stratégique » qui servait à la « préparation opérationnelle des soldats français stationnés dans la région », à travers des exercices incluant « des manœuvres tactiques et des simulations d’opérations en terrain varié ».
Au terme de la cession totale de la base militaire française, la Côte d’Ivoire prévoit d’y installer son 1er Bataillon des commandos-parachutistes. Outre un centre de formation logistique, le camp abritera également une école régionale des SIC (Systèmes d’information et de communication), qu’on appelle accessoirement dans l’armée « les transmissions ».
Si la Côte d’Ivoire a demandé et obtenu la fermeture de la base française sur son territoire, cette étape ne marque toutefois pas une rupture de la coopération militaire entre les deux pays. Les autorités ivoiriennes indiquent qu’elles vont maintenir avec Paris le même type de relations que le pays entretient déjà avec l’armée américaine ou « avec plusieurs autres pays ».
Les observateurs saluent la maturité des autorités ivoiriennes qui ont préféré une démarche concertée. Un dignitaire du parti au pouvoir explique que « le président Ouattara est un homme d’État responsable qui n’est pas adepte de la diplomatie spectacle. Ce qui compte pour lui c’est le résultat et, dans ce cas précis, nous avons décidé du départ de l’armée française et nous y travaillons longtemps avant même que certains putschistes du Sahel n’arrivent au pouvoir ».