Le passé colonial est un passé qui ne passe pas, qui refuse de passer parce que l’Afrique en garde une mémoire vive. Les peuples d’Afrique sont accueillants et respectueux. Mais ils ont la mémoire des crimes coloniaux et cette mémoire structure leurs rapports à l’Europe.
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Curieusement, l’esprit colonial demeure présent chez plusieurs pays anciens colonialistes et gouverne leurs comportements envers l’Afrique. Régis Debray a vu juste lorsqu’il a affirmé que les pays européens ont enlevé le casque de la colonisation tout en gardant une tête coloniale. Certaines anciennes puissances colonisatrices continuent de voir en l’Afrique leur terre d’influence et cela est inacceptable pour les générations d’Africains actuels.
Ce qui se passe au Conseil de sécurité des Nations unies depuis bientôt 80 ans malgré des demandes pressantes de réformes de l’Afrique est comparable à des conférences de Berlin bis où les grandes puissances décident du sort de l’Afrique sans la présence de l’Afrique et sans tenir compte des perspectives africaines.
Le sort qui continue d’être celui de l’Afrique sur la scène internationale est en partie le résultat de la colonisation de l’Afrique, donc de la conférence de Berlin. L’Afrique est le seul continent au monde qui continue d’être manipulé de l’extérieur et qui est au cœur des convoitises du monde.
« C’est cette Afrique-là que nous ne voulons plus et tous ceux qui entendent entretenir de bonnes relations avec l’Afrique, qui n’ont pas encore compris cela se trompent d’époque et de la réalité de ce que l’Afrique est en passe de devenir », affirme le professeur Robert Dussey, ministre des Affaires étrangères, de l’Intégration régionale et des Togolais de l’Extérieur, lors de la cérémonie inaugurale du symposium en commémoration des 140 ans de la conférence de Berlin (1884-1885).
« Notre génération appartient à l’Afrique qui a décidé de reprendre en main propre son Histoire, d’être elle-même sur la grande scène de l’Histoire universelle », déclare le politique et universitaire togolais.
De la conférence de Berlin à la période d’occupation coloniale en passant par les années des indépendances et la fin de l’apartheid en Afrique du Sud jusqu’au temps actuels, l’Afrique est passée du statut d’un « continent chosifié », pour reprendre un concept de la philosophe allemande, un continent « réifié » à celui d’un continent qui, suivant l’Agenda 2063 de l’Union africaine, entend désormais agir « en tant qu’acteur et partenaire fort, uni et influent sur la scène mondiale ».
140 ans après la conférence de Berlin, l’Afrique entend d’être au centre de ses propres décisions, s’autodéterminer, parler d’elle-même et porter sa propre voix sur la scène internationale. Le renouveau actuel de l’idéal panafricain sur le continent et chez les diasporas africaines devrait être compris comme tel.
LPM