Mali, Burkina Faso, Niger : Quel avenir pour le Sahel… et pour la Cedeao ?

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Tout le monde est définitivement convaincu qu’il se passe quelque chose sur le continent africain, en Afrique de l’Ouest et surtout dans le Sahel. Les événements qui se produisent actuellement au Sahel pourraient apporter de grands bouleversements dans la sous-région ouest africaine, et au-delà, sur l’ensemble du continent. Mais à quoi peut-on véritablement s’attendre ?

Les situations qui prévalent au Mali et au Burkina Faso prouvent à suffisance que la nouvelle génération de dirigeants portés par des coups d’État, ainsi que les populations qui les soutiennent, rejettent la politique impérialiste et néocolonialiste qu’ont mené les pays occidentaux depuis l’avènement des indépendances. Ils avaient la possibilité de garder une meilleure image auprès des peuples opprimés, malgré les crimes du passé.

Malheureusement, ils n’ont pas su saisir cette occasion. Au nom de leurs intérêts, la France et ses alliés occidentaux ont gardés une certaine main mise sur ces territoires. Aujourd’hui, les dirigeants qui arrivent, même si c’est par des coups d’État, et leurs peuples sont comme réveillés d’un profond sommeil. Et ce réveil semble être brutal. Ce réveil s’exprime avec brutalité contre la France, ses alliés ainsi que leurs intérêts.

Mais, au fait, ces peuples n’ont-ils pas le droit de profiter des ressources de leurs sous-sols ? L’on comprend mal que des pays qui ont un sous-sol riche, qui alimentent les autres pays du monde en minerais, vivent dans un sous-développement indescriptible, que leurs populations demeurent dans la précarité, en d’autres termes, demeurent les plus pauvres au monde, et n’entrevoient aucune perspective d’amélioration…

Comment des pays qui se disent souverains, ne peuvent pas assurer leurs propres sécurités, mais, abritent des bases étrangères, dont l’on ne perçoit pas véritablement l’utilité ? comment ces pays africains ne peuvent-ils pas fixer les prix de leurs produits, disposer et contrôler leurs monnaies ? Comment ces pays ne pourraient-ils pas transformer leurs ressources naturelles et les vendre aux plus offrants, à des prix qui arrangent leurs économies et leurs populations ?

Il est normal que les populations soient fatiguées de cette situation végétative, et apportent leurs soutiens à des coups d’État. Beaucoup sont convaincus que l’essor du continent viendra de là. Il faut tout de même attendre de voir comment la situation évoluera… Mais, pourrait-on assister à la naissance d’une alliance entre le Mali, le Burkina Faso, et le Niger ? s’achemine-t-on vers la mise en place d’une fédération ? Cette idée avait déjà été émise par le Premier ministre du Burkina Faso, Dr Apollinaire Joachimson Kyélèm de Tambèla. Le Mali et le Burkina Faso y travailleraient déjà.

Va-t-on vers une entité acquise à la cause de la Russie ? Il semble que la politique russe en Afrique est meilleure, et que cette coopération apportera plus de fruit, notamment l’émancipation complète et définitive du continent. En tout cas, toute initiative visant à mettre fin à ce terrorisme dont les origines et les évolutions demeurent floues, sera la bienvenue. Il est clair que les populations n’hésiteront pas à soutenir toute initiative visant à amorcer le vrai décollage de leurs pays.

Si les trois pays cités plus haut arrivent à se mettre ensemble et à tourner le dos à la domination occidentale, il faut s’attendre à ce que le Tchad qui est aujourd’hui aussi dirigé par un putschiste mais qui est acquis à la cause française, se retrouve en ballotage. Le pays fait partie du Sahel et est frontalier avec le Niger. C’est ce qui explique peut-être l’irruption du général Mahamat Idriss Déby dans la crise nigérienne… Était-il un émissaire de la Cedeao ou de la France ? Ou était-ce une initiative personnelle ?

Le dirigeant tchadien, successeur de son père au pouvoir se sentirait-il menacé ? Est-il en train de se rendre compte que la révolution teintée aux couleurs russes pourrait l’éjecter du fauteuil présidentiel ? Il faut faire remarquer que le sentiment anti français et anti occidental est présent aujourd’hui dans tous les pays africains dont le Tchad, et se renforce de jours en jours. Le Tchad a déjà à sa frontière, un pays, la Centrafrique, qui est allié aux Russes. A travers les événements qui se déroulent, les Africains sont sans doute en train d’entrevoir le bout du tunnel.

La Russie est en train de promettre aux pays africains de les aider à se libérer du néocolonialisme, à s’émanciper, à développer leurs territoires, à avoir une place permanente au Conseil de sécurité des Nations unies. Pour le moment, les Africains y croient. Vivement qu’ils ne soient pas déçus. Mais, il semble que la Russie elle-même gagnera à créer un ensemble fort, constitué des pays des Brics et de l’Afrique ; et qui serait capable de concurrencer les occidentaux.

En Afrique de l’Ouest, l’on pourrait assister à des bouleversements au sein de la Cedeao, peut-être à des réformes ou à la naissance d’une nouvelle entité, si les pays qui connaissent les coups d’État deviennent des alliés forts, et que d’autres pays de la sous-région les rejoignaient d’une manière ou d’une autre. Si ces pays s’y prenaient correctement, ils pourraient réussir à finir avec le terrorisme qui est en train d’hypothéquer le développement des pays africains.

Si l’on tient compte du fait que 49 pays africains ont envoyés des délégations à Saint Pétersbourg lors du dernier sommet Russie-Afrique, il ne faut donc pas s’étonner d’assister prochainement à la généralisation de la révolution aux couleurs russes sur tout le continent. Cela ira-t-il vraiment dans l’intérêt du continent ? Il semble que beaucoup d’Africains veulent aussi essayer la Russie !

Serge Lenoir

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