Aujourd’hui, plusieurs personnes pensent que les coups d’État au Sahel, excepté au Tchad, sont un acte salutaire, pour la simple raison que cela permettra de venir à bout de l’insécurité chronique, de mettre fin au néocolonialisme, d’instaurer la vraie indépendance et permettre aux populations de ces zones de sortir de la pauvreté en profitant réellement des ressources dont regorgent leurs pays. Les régimes militaires qui arrivent donnent l’impression d’aller dans la bonne direction. Quoi qu’il en soit, ils n’auront aucune excuse si dans quelques années, les maux qui minent ces pays persistent ou même prennent de l’ampleur.
Quand l’on considère la richesse des pays comme le Mali, le Niger et d’autres sur le continent et que l’on observe les conditions dans lesquelles ces pays vivent plus d’un demi siècle après les indépendances, l’on n’est en droit de se demander ce qui n’a pas marché… Il est vrai que le problème de l’Afrique, c’est avant tout les Africains eux-même. Si les occidentaux ont pu réussir la traite négrière, la colonisation et poursuivent d’une manière ou d’une autre la domination des pays africains, c’est en s’appuyant sur des Africains. Depuis la nuit des temps, ce sont des Africains qui ont accepté de lier leurs semblables à des chaînes étrangères. Sans compter la mauvaise gouvernance, la corruption etc… Mais, cela ne veut pas dire que ces puissances étrangères sont innocentes. Au contraire, ils en profitent pour tisser leur toile à travers le continent.
Au nom d’une certaine démocratie, les occidentaux ont réussi à faire assassiner le colonel Mouammar Kadhafi, dirigeant de la Libye; un panafricaniste qui avait une vision pour l’indépendance totale du continent. Malgré tout ce que l’on lui reprochait, c’était l’un des rares dirigeants d’Afrique qui redistribuait les richesses de son pays à son peuple, qui développait son pays, le faisait respecter par les occidentaux, et venait même en aide aux subsahariens sur les plans financiers, alimentaires, etc… Kadhafi voulait la concrétisation des États-Unis d’Afrique. Cela n’a visiblement pas plu à ceux qui veulent continuer à maintenir le continent dans une sorte de brouillard afin d’en profiter.
La déstabilisation de la Libye semble faire partie d’un plan machiavélique visant à rendre le Sahel ingouvernable à cause de la richesse de son sous-sol. Il semble que c’est dans le désordre que les vautours parviennent à mieux se servir. Alors, depuis l’année 2012, le Mali a connu une déstabilisation sans précédent venant du Nord du pays. Un certain nombre de groupes rebelles léthargiques ont subitement trouvé les moyens pour mener une guerre visant à créer un État indépendant dans la zone. La France a été appelé à la rescousse. François Hollande, le président français de l’époque ne s’est pas fait prié pour intervenir. Il est vrai que grâce aux troupes étrangères, notamment celles de la Cedeao, Bamako n’est pas tombé. L’on a même pu repousser les assaillants.
Mais, plusieurs années après, et malgré la présence d’une opération militaire française et des forces de l’Onu, la situation n’a guère évoluée. L’insécurité s’est installée dans la durée. Or, sans la paix, aucun développement n’est possible. Donc, ainsi, la France allait rester sur le territoire malien pour toujours, sans mettre fin au terrorisme qu’elle affirme tout le temps combattre ? Est-ce vraiment son objectif ? Ou bien c’est le sous-sol malien qui intéressait, comme plusieurs observateurs l’affirment ? Ce qui est encore plus désolant est que la situation sécuritaire s’est dégradée au point de nuire aux autres pays du Sahel et même aux pays de la côte comme le Togo, le Bénin etc…
Face à cette situation et quand les peuples ont l’impression qu’il y a un complot contre eux avec l’appui de leurs dirigeants, il ne faut pas s’étonner que les coups d’États redeviennent une mode sur le continent. Ces changements de régimes par les armes qui se produisent dans les pays comme le Mali, le Burkina Faso et le Niger, semblent constituer un vent de renouveau. Les discours et les actions des nouveaux dirigeants rassurent dans une certaine mesure. Et les partenariats nouveaux qui sont en cours pourraient aider ces pays à finir avec les problèmes sécuritaires et à se lancer véritablement sur la voie du développement.
Lorsque l’on analyse comment le terrorisme a pris naissance et a commencé par se métastaser sur l’ensemble du continent, l’on est en droit de se dire qu’il y a un complot visant à anéantir les efforts de développement de nos pays. Surtout quand on voit de quelle manière ces terroristes agissent, avec des renseignements pointus, des armes de pointe que le continent ne produit pas, la seule question qu’on entend sur toutes les lèvres est : comment font-ils ? Pendant ce temps, des puissances comme la France et les États-Unis ont des bases militaires dans le Sahel, ont des systèmes de renseignement puissants, et utilisent des satellites. Mais, ils sont incapables d’aider à localiser ces bandits et à les exterminer.
Pire, ils n’hésitent pas à cautionner des dialogues et des arrangements tordus avec ces forces du mal afin d’assurer une cohabitation entre elles et les armées régulières. Comment est-ce possible ? Est-ce cela la souveraineté ? Et à la moindre mésentente avec les pouvoirs en place, l’on ne fera qu’activer ces forces des ténèbres pour obliger les dirigeants à courber l’échine et à soigneusement éviter de vouloir revendiquer les intérêts de leurs peuples. Or, ils sont élus pour cela.
Goïta, Traoré, et Tiani ne doivent surtout pas trahir les aspirations de tous ces millions d’Africains qui les soutiennent
Aujourd’hui, le Mali, le Burkina Faso et le Niger son dirigés par des pouvoirs militaires. Tous reprochaient d’une manière ou d’une autre à leurs prédécesseurs de n’avoir pas réussi à lutter contre l’instabilité dans leurs pays. Ils sont nombreux ces Africains à croire en leur volonté de lutter efficacement contre le terrorisme et à y mettre un terme. Ils sont nombreux à croire en leur volonté de faire en sorte que désormais l’exploitation des ressources de leurs pays puissent vraiment profiter à leurs peuples. Beaucoup croient en leur volonté de lutter contre l’impérialisme, de mettre fin au néocolonialisme, et d’assurer la vraie indépendance à leurs peuples.
Ces trois pays pourraient même être les déclencheurs de la libération totale du continent selon plusieurs analystes. L’Afrique ne jouit pas encore d’une vraie indépendance sécuritaire et économique. Vu son caractère stratégique, en se libérant, le Sahel ouvrira la voie à plus de prospérité sur le continent. Les dirigeants de ces trois pays qui sont actuellement au centre de toutes les attentions doivent impérativement marquer l’histoire. Ils ont la lourde responsabilité d’honorer la mémoire des pères des indépendances. Non seulement, ils doivent reconquérir entièrement leurs territoires, mais aussi, ils doivent mettre leurs pays sur la voie de l’autonomie financière.
Même si cela doit se faire dans le cadre d’un partenariat gagnant gagnant avec d’autres puissances dont la Russie, la Chine, la Turquie etc…, il faut que cela soit fait pour le bonheur des peuples. Les Africains n’ont fait aucun mal à personne pour subir cette domination cruelle. Le colonel Assimi Goïta, le capitaine Ibrahim Traoré et le général Abdourahamane Tchiani doivent travailler ensemble pour libérer leurs pays, le Sahel, et constituer des modèles pour le reste de l’Afrique. Ils doivent être les portes étendards du panafricanisme. Les peuples croient fortement en eux, et ils ne doivent pas les décevoir. Quand le nécessaire sera fait, il faudra qu’ils jettent les bases de systèmes de gouvernance solides au sein desquels les dirigeants ne seront plus obligés de servir les puissances étrangères plutôt que leurs peuples.
Il en va de même pour le colonel Mamady Doumbouya de la Guinée. Son coup d’État a été également salué par les peuples. Et on sent qu’il veut travailler en synergie avec les trois autres putschistes. Conformément aux craintes d’un certain nombre d’observateurs opposés à ces coups d’États, ces renversements de pouvoirs auxquels l’on assiste ne doivent pas ramener l’Afrique loin en arrière. Cela doit au contraire projeter le continent dans une ère de prospérité, où personne ne pourra plus éteindre les aspirations profondes et les intérêts des peuples des pays africains.
Serge Lenoir