Les chefs d’État et de gouvernement se sont de nouveau réunis jeudi dernier à Abuja au Nigeria pour la deuxième fois depuis l’avènement du coup d’État au Niger. L’on retient que la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cedeao) maintient son projet d’intervention militaire pour rétablir l’ordre constitutionnel. Certains dirigeants sont particulièrement engagés pour cette solution. Mais, savent-ils où ils mènent toute l’Afrique de l’Ouest ?
Désormais, il n’y a plus aucun doute sur le fait que le président ivoirien Alassane Ouattara soit le chef de file de la ligne dure de la Cedeao dans cette crise. Très proche de la France pour laquelle certains l’accusent même d’être une marionnette, le président de la Côte d’Ivoire tend à donner raison à ceux qui pensent qu’il y a des intérêts au dessus de la vie des peuples et qui intéressent ceux qui ouvertement ou tapis dans l’ombre veulent engager l’Afrique dans une guerre fratricide.
Les chefs d’État ont demandé aux chefs d’États majors de leurs armées de mettre en alerte la force en attente de la Cedeao. Mais le zèle dont déborde le président ivoirien questionne énormément. Le président ivoirien, Alassane Ouatarra, est le seul chef d’État à avoir estimé, jeudi soir, qu’une intervention militaire devait avoir lieu « dans les plus brefs délais », alors que d’autres insistaient sur la nécessité de donner une ultime chance au dialogue avec la junte ayant renversé le président élu.
Abidjan est prêt à mobiliser 850 à 1.100 hommes, soit un bataillon. Les autres pays qui seraient également prêts à participer à une intervention militaire ne gesticulent pas autant. Qu’est-ce qui pousse le président ivoirien à prendre autant position sur la question ? Quoi qu’on dise aujourd’hui, la junte en place au Niger bénéficie d’un soutien populaire même si les 21 millions de Nigériens ne manifestent pas ouvertement leur satisfaction suite à la prise du pouvoir par l’armée.
Ils sont nombreux ces Nigériens qui se disent prêts à défendre leur territoire. La junte affirme qu’elle ripostera à toute agression. Le Mali, le Burkina Faso et la Guinée soutienne la junte nigérienne. Les deux premiers ont annoncé qu’ils combattraient aux côtés du Niger. Alors, vers quoi veut-on conduire la sous région ? Des observateurs affirment que l’on pourrait aboutir à une deuxième Libye dans la sous région. En tout cas, Alassane Ouattara devrait savoir qu’il n’est pas très apprécié par les opinions publiques africaines.
Cela veut dire qu’il se met lui-même et son pouvoir en ballotage. Quoi qu’on dise, il y a un fort vent de changement, qu’il soit militaire ou non qui souffle. La Côte d’Ivoire est bel et bien dans le viseur des pro coups d’États et anti-France. C’est sans doute la peur de se voir balayer qui pousse le président Ouattara à vouloir tout faire pour mettre fin au coup d’État au Niger. Toutefois, la solution serait peut-être de rester calme, au lieu de gesticuler dans tous les sens et de laisser des pressions extérieures l’amener à prendre des décisions qui risquent de se retourner contre lui.
Serge Lenoir