Situés à plus de 1.300 km de Niamey, au nord-est du Niger, les forts du Djado sont aujourd’hui en ruine. Et pourtant, ces “ksars”, villages fortifiés bâtis en pierre salière dont les vestiges hantent les oasis du Kawar, une région désertique du pays, témoignent du génie des bâtisseurs. Mais, qui sont ces bâtisseurs ? Quelle est l’époque à laquelle ce travail a été fait ? Et pourquoi le site a-t-il été abandonné ?
Derrière les murailles crénelées, sommeillent des ruelles tortueuses, des tours de gardes, des galeries souterraines, des passerelles, des greniers, des puits. Les Sao, un peuple animiste établi dans la région depuis l’antiquité, sont les premiers occupants connus du Kawar, et peut-être à l’origine de ses premières fortifications. Mais les toitures de palme qui subsistent ici et là dans les ruines du Djado, semblent indiquer des constructions plus récentes.
Entre le 13ème et le 15ème siècle, les Kanouri s’établirent dans la zone. Leurs oasis furent ravagées aux 18ème et 19ème siècles par les raids successifs des nomades Touaregs, Arabes et Toubou. Ces derniers prirent racine au Djado et y établirent l’un de leurs fiefs, jusqu’à l’arrivée des militaires français qui conquirent définitivement la zone en 1923.
Kanouri et Toubou sont aujourd’hui métissés, mais les autorités traditionnelles de la région, les “Maï”, sont encore issues des grandes lignées Kanouri. Elles sont les propriétaires coutumiers des ksars et dépositaires de la tradition orale, susceptible d’apporter des éléments de réponse. Malheureusement, Kiari Kelaoui Abari Chegou, “Maï” de Bilma affirme impuissant : “Même nos grands pères ne savaient pas. On n’a pas gardé nos archives”.
A l’arrivée des premiers Européens en 1906, les ksars avaient perdu leur utilité; celle de protéger les habitants contre les razzias et les invasions qui ont dévasté la région pendant des siècles. Des générations de voyageurs ont rêvé devant les ruines des forts du Djado, mais sans réponses. Aucune fouille, aucune datation scientifique n’a jamais été entreprise dans la zone.
Chercheurs et touristes ont déserté depuis vingt ans cette région troublée qui jouxte les frontières de la Libye et du Tchad, à cause de l’insécurité. Le Kawar, jadis un important nœud des routes caravanières, est aujourd’hui un couloir des trafics d’armes et de drogue transsahariens.
Le Papyrus