ODD : Sur les 144 cibles mesurables, seules 10 sont en bonne voie

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La onzième session du Forum régional africain pour le développement durable (ARFSD-11) a démarré cette semaine à Kampala en Ouganda.

Il a pour thème : « Stimuler la création d’emplois et la croissance économique grâce à des solutions durables, inclusives, fondées sur des données scientifiques et factuelles pour la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et de l’Agenda 2063 : L’Afrique que nous voulons, de l’Union africaine ».

À l’heure actuelle, les vulnérabilités structurelles, et notamment les effets persistants de la Covid-19, les chocs climatiques, les conflits et les tensions géopolitiques, de même que le fardeau croissant de la dette, continuent d’étouffer les progrès de l’Afrique.

Par exemple, le continent ploie sous une dette qui grève 64,3% de son PIB, limitant considérablement la marge de manœuvre budgétaire pour les investissements indispensables dans l’éducation, la santé, les infrastructures et d’autres secteurs essentiels.

En outre, la croissance moyenne du PIB depuis 2019 oscille autour de 3%, soit nettement moins que les 7% nécessaires pour atteindre l’Objectif de développement durable numéro 8, portant sur le travail décent et la croissance économique.

« Vu comme le monde évolue, il est maintenant clair que l’aide ne peut plus être considérée comme une solution fiable ni durable, et que les modèles de financement classiques sont de moins en moins en phase avec les aspirations de l’Afrique en matière de développement », affirme Claver Gatete, secrétaire général adjoint des Nations unies et secrétaire exécutif de la Commission économique pour l’Afrique (CEA).

Le continent est à la croisée des chemins. Pour renverser la situation, l’on n’a pas d’autre choix que de se recentrer, pour prendre des mesures audacieuses et transformatrices, qui soient fondées sur des données factuelles, l’innovation et l’inclusion, notamment en investissant dans les capacités des populations et des institutions.

Cinq ans à peine avant l’échéance de 2030, les données ne portent guère à l’optimisme. Sur les 144 cibles mesurables des ODD, seules 10 sont en bonne voie d’être atteintes, tandis que pour 106 d’entre elles, la mise en œuvre progresse trop lentement, et qu’on observe une régression dans 28 cas.

De fait, au rythme où vont les choses, l’ODD 5 sur l’égalité entre les sexes ne sera pas atteint avant des décennies, et cela risque de compromettre la contribution des femmes au progrès socioéconomique. « Nous ne pouvons tout simplement pas nous permettre de continuer sur ce rythme. Pour inverser la tendance, nous devons aller au-delà du simple diagnostic de nos difficultés et appliquer des solutions audacieuses et réalisables », fait observer Claver Gatete.

Le Forum est l’occasion de se pencher sur cinq ODD essentiels, qui ouvrent une voie pour accélérer les progrès, en lien avec la mise en œuvre réussie du deuxième Plan décennal de mise en œuvre de l’Agenda 2063 de l’Union africaine.

Premièrement, l’objectif de développement durable ODD 3 : Bonne santé et bien-être. Aujourd’hui, des millions d’Africains manquent toujours d’accès à des soins de santé de qualité. Quatre pays africains sur cinq dépensent moins de 86 dollars par habitant pour la santé, ce qui est bien en deçà du seuil minimum de 249 dollars recommandé par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).

En 2022, les dépenses de santé ne représentaient en moyenne que 7% des budgets, loin donc de l’engagement pris en 2001, d’y consacrer plutôt 15%. L’on doit impérativement combler ces lacunes et, pour ce faire, il faut stimuler les financements nationaux, renforcer les systèmes de santé et tirer parti des solutions de santé numérique.

Deuxièmement, l’ODD 5 : Égalité entre les sexes. Comment l’Afrique peut-elle réellement prospérer alors que la moitié de sa population demeure économiquement marginalisée ? À l’époque actuelle, les femmes se heurtent encore à des obstacles en matière d’éducation, de financements et d’emploi, et ces obstacles doivent être démantelés, selon le SG adjoint de l’Onu.

« Il n’est pas normal qu’elles n’occupent que 26% des sièges dans les Parlements, même si la proportion a augmenté, par rapport aux 19% de 2015 », déclare le responsable.

De surcroît, l’on révèle qu’il persiste un écart de 12% entre les hommes et les femmes dans l’accès à l’argent mobile, en dépit d’un volume de transactions de 1 300 milliards de dollars en 2022 ; ce qui met en évidence des inégalités systémiques auxquelles il faut vraiment s’attaquer.

Les pays doivent adopter des politiques qui favorisent l’autonomisation économique, afin de garantir notamment une budgétisation soucieuse d’égalité des genres, l’inclusion numérique et des postes de direction pour les femmes dans tous les secteurs.

Troisièmement, l’ODD 8 : Travail décent et croissance économique. Étant donné que 83% de la main-d’œuvre africaine travaille dans le secteur informel, que plus de 113 millions de personnes sont au chômage ou sous-employées et que près d’un tiers vivent dans l’extrême pauvreté laborieuse, il n’a jamais été aussi impérieux d’accorder la priorité aux moyens de subsistance durables.

En conséquence, il faut absolument renforcer la formation professionnelle, promouvoir l’entrepreneuriat, intégrer les emplois dans le secteur structuré de l’économie et investir dans la protection sociale, de manière à tirer le meilleur parti de la population en âge de travailler, qui comptera près d’un milliard de personnes d’ici à 2030.

Quatrièmement, l’ODD 14 : Vie aquatique. L’économie bleue de l’Afrique recèle un potentiel économique inexploité. Elle est toutefois menacée par la dégradation du milieu marin, la faiblesse de la gouvernance et le sous-investissement.

Le continent a un immense coup à jouer avec cette économie, sachant que sa valeur pourrait passer de 296 milliards de dollars en 2018 à 576 milliards de dollars d’ici à 2063. Or, elle ne reçoit actuellement que 3,5% des fonds alloués aux ODD.

La pêche illégale coûte également 10 milliards de dollars par an, et l’indice de santé des océans de l’Afrique à un score qui traîne autour de 52,7 contre une moyenne mondiale de 71,4.

Pour libérer ce potentiel, il est indispensable d’investir durablement dans l’aquaculture, le tourisme côtier et les projets liés au carbone bleu, sur le modèle des accords conclus entre les Seychelles et le Gabon pour la conversion de dettes en mesures en faveur de la nature.

Cinquièmement, et enfin, l’ODD 17 : Partenariats pour la réalisation des objectifs. Il est clair qu’aucun pays ne saurait atteindre ces objectifs en s’y employant seul dans son coin. Leur réalisation nécessite une coopération renforcée aux niveaux national, régional et mondial.

Dans ce contexte, tout en continuant de plaider pour une réforme de l’architecture financière internationale, l’on doit également s’engager à travailler ensemble sur tous les aspects des ODD. Il s’agit notamment d’encourager des partenariats commerciaux plus solides et de promouvoir entre autres la coopération Nord-Sud, Sud-Sud et triangulaire comme un pilier essentiel des progrès collectifs.

« Comment mobiliser les ressources nécessaires à la réalisation du Programme 2030 et de l’Agenda 2063 ? Je propose à votre attention quatre axes stratégiques pour notre action à cet égard », poursuit Claver Gatete.

Premièrement, il propose de s’appuyer davantage sur les ressources nationales. Cela suppose notamment d’élargir l’assiette fiscale, de faire une utilisation stratégique des fonds de pension et des fonds souverains, de renforcer la collecte des recettes et de numériser l’économie afin d’endiguer les flux financiers illicites.

« À titre d’exemple, si nous parvenons à réduire les flux financiers illicites, dont le volume est estimé à 89 milliards de dollars par an, tout en exploitant les fonds souverains, nous pouvons dégager des milliards pour nos besoins en matière de développement », préconise-t-il.

En outre, des obligations adossées aux envois de fonds pourraient porter le montant de l’investissement étranger direct au-delà des 53 milliards de dollars qui ont afflué vers l’Afrique en 2023. Deuxièmement, il est temps de réduire les risques qui pèsent sur les économies africaines, et de développer les marchés des capitaux, ce qui permettra de dérouler le tapis rouge aux investisseurs privés.

Grâce à des financements mixtes, des garanties de crédit et des marchés florissants, l’on dirigera un afflux massif de capitaux vers des secteurs comme l’agriculture et les énergies renouvelables. Cela aura pour effet d’augmenter nettement la part de 2% des investissements mondiaux dans les énergies propres qui est aujourd’hui consacrée à l’Afrique.

Le développement des marchés nationaux des capitaux fera également s’accroître les ressources à long terme pour les investissements privés en Afrique. Troisièmement, Claver Gatete propose d’élargir l’accès de la population à des financements abordables, en particulier pour les femmes et les jeunes, qui sont financièrement exclus.

Il est par exemple inacceptable que les femmes souffrent à ce jour d’un écart de 12% sur le plan de l’inclusion financière. Pour y remédier, l’on doit développer le microfinancement, la finance numérique et l’investissement d’impact afin d’autonomiser les petites entreprises dirigées par des femmes et les jeunes entrepreneurs.

La croissance inclusive n’est pas un choix ; c’est la seule voie viable pour réaliser le plein potentiel de l’Afrique. Enfin, il faut impérativement que l’on mette la Zone de libre-échange continentale africaine au service des priorités de l’Afrique.

Elle offre une occasion unique d’accroître le commerce intra-africain de 45% d’ici à 2045 et de stimuler considérablement l’industrialisation de l’Afrique, la création d’emplois et les perspectives de croissance durable.

« Nous devons accélérer les chaînes de valeur régionales dans les industries vertes, l’agriculture, l’industrie manufacturière et les services, et donner un emploi à des millions de personnes. Nous pouvons faire plus dans l’espace numérique », insiste Claver Gatete.

Investir dans la desserte numérique, l’intelligence artificielle, les solutions basées sur la chaîne de blocs et l’élaboration de politiques fondées sur des données factuelles permettra de gagner en efficacité dans le commerce, la gouvernance et la prestation de services.

Par ailleurs, un protocole de l’Union africaine sur les échanges numériques transformerait le commerce électronique, élargirait l’accès aux marchés et favoriserait la création d’emplois à grande échelle sur le continent.

Il faut que les cinq prochaines années soient marquées par un leadership audacieux, des politiques décisives et des partenariats renforcés qui mettront l’Afrique sur la voie d’une prospérité durable.

« Avec vous, nos chefs d’État, qui menez des réformes de politique générale, créez un environnement commercial favorable et mobilisez des ressources nationales pour le développement durable, nous sommes plus que capables d’obtenir des résultats », affirme avec optimisme, le secrétaire exécutif de la CEA.

« La CEA et le système des Nations unies restent déterminés à joindre leurs efforts aux vôtres, à ceux des entreprises, de la société civile, des institutions régionales et des partenaires de développement, pour travailler à réaliser la promesse des objectifs de développement durable et de l’Agenda 2063 de l’Union africaine », a-t-il conclu.

Edem Dadzie

 

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