Le vendredi 11 avril 2025 au siège de l’Organisation maritime internationale (OMI) à Londres, les pays ont voté, lors de la séance plénière de clôture, l’adoption d’un cadre mondial fixant un prix du carbone pour les émissions du transport maritime, ce qui contribuera à la décarbonation du secteur et encouragera l’utilisation de technologies plus propres.
La politique globale devrait être officiellement adoptée en octobre 2025, même si plusieurs détails techniques restent en suspens. La taxe générera entre 30 et 40 milliards de dollars de recettes d’ici 2030, soit environ 10 milliards de dollars par an.
L’accord devrait permettre au mieux une réduction absolue de 10% des émissions dans le secteur du transport maritime d’ici 2030, bien en deçà des objectifs fixés par l’OMI dans sa stratégie révisée de 2023, qui prévoit une réduction d’au moins 20% d’ici 2030, avec un objectif plus ambitieux de 30%.
Les fonds seront réservés à la décarbonation du secteur maritime uniquement et ne seront pas destinés au financement de la lutte contre le changement climatique dans les pays en développement.
À partir de 2028, les navires devront soit passer à des carburants à plus faible teneur en carbone, soit payer pour leurs émissions excédentaires. Les navires qui continueront à utiliser des combustibles fossiles conventionnels seront soumis à une taxe de 380 dollars par tonne sur la partie la plus intensive de leurs émissions, et de 100 dollars par tonne sur les émissions restantes au-delà d’un certain seuil.
« Parvenir à un consensus sur les mesures de décarbonation s’annonçait difficile. Mais nous avons clairement constaté un consensus, soutenu par de nombreux pays, notamment des États africains comme le Kenya, le Sénégal, la Namibie et l’Afrique du Sud. Nous disposons désormais d’une mesure qui fixe toujours un prix aux émissions du secteur maritime, ce qui constitue un point de départ important pour renforcer l’ambition, sans créer de chocs pour les pays économiquement vulnérables », a indiqué Faten Aggad, directrice exécutive de l’African Futures Policies Hub.
Cette politique, soutenue par 63 pays, dont le Brésil, la Chine, l’Union européenne (UE), l’Afrique du Sud, le Kenya, le Sénégal et la Namibie, crée un précédent mondial : malgré les objections d’États pétroliers comme l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis, la Russie et le Venezuela ; qui s’opposaient à la fois au fond et à la procédure de l’accord ; la proposition de compromis de la Norvège, en tant que présidente de l’OMI, a été adoptée lors du vote final.
Lors des négociations de l’Onu sur le climat à Bakou en novembre 2024, les pays ont convenu d’un accord de financement climatique post-2025 de 1 300 milliards de dollars pour soutenir les pays en développement dans leur transition énergétique. Les pays se tournent vers des sources de financement publiques, privées et innovantes pour combler le déficit de financement climatique.
Répartition des votes : 63 voix pour, dont l’UE, la Chine, l’Inde, le Japon, la Corée du Sud, l’Afrique du Sud, Singapour, la Norvège, le Kenya, la Namibie et le Sénégal ; 16 contre, dont l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis, Oman, l’Algérie et le Maroc ; 25 abstentions, dont les États insulaires du Pacifique (tels que Tuvalu, Kiribati et Fidji), les Seychelles, l’Égypte, le Ghana, le Libéria, Madagascar et l’Ouganda.
La délégation américaine n’était pas présente au moment du vote et s’en est tenue à son principe de ne pas s’engager dans des négociations, après avoir fait circuler un texte encourageant les délégations à se retirer des négociations.
Tuvalu, s’exprimant au nom des nations du Pacifique, a exprimé sa déception en séance plénière, soulevant des inquiétudes quant au manque de transparence du processus, à l’exclusion des nations vulnérables des négociations et a souligné que le nouveau plan ne parviendrait pas à encourager l’utilisation de carburants plus propres.
« Les pays en développement les plus démunis sont venus ici et ont proposé une solution. Comment les autres, les grandes économies peuvent-elles nous demander de proposer un accord faible pour nos populations, qui souffrent de la crise climatique ? », s’est indigné le ministre des Seychelles, Antony Derjacques.
Un groupe de plus de 60 pays, mené par le Pacifique, a fait pression pour que les revenus soient utilisés pour financer la lutte contre le changement climatique au-delà du secteur du transport maritime.
Le mécanisme de tarification du carbone, basé sur l’intensité des émissions, autorisera dans un premier temps l’utilisation du Gaz naturel liquéfié (GNL) fossile. Cependant, la réglementation pénalisera progressivement l’utilisation du gaz par le secteur maritime.
LPM
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