Le panafricanisme, quoique né dans un contexte colonial, s’est inscrit dès l’origine dans une perspective universaliste avec comme vocation l’entrée de l’homme noir dans l’histoire de l’humanité. Voilà pourquoi, dans le contexte actuel de la mondialisation, le panafricanisme doit continuer à produire un discours qui affirme la présence noire dans la construction de ce que Senghor a appelé un humanisme universel. Nous sommes parti du paradigme nouveau que constitue la mondialisation pour ensuite aborder l’apport de l’Afrique à cette édification de la civilisation de l’Universel.
La plupart des auteurs qui ont écrit sur le dialogue des cultures ou des civilisations admettent le fait que l’époque que nous vivons est caractérisée par un changement paradigmatique dans les relations interculturelles. De Claude Levi-Strauss (Race et Histoire) à Samuel Huntington (The Clash of Civilizations) en passant par Léopold Sédar Senghor (Le Dialogue des Cultures), tous ces grands auteurs, appartenant à des cultures différentes conviennent du fait que le monde moderne vit, à la fin du deuxième millénaire et au seuil du troisième, une situation inédite, une ère nouvelle qui met toutes les cultures et tous les Hommes dans un même espace et un même temps, dans un monde unique qui scelle un destin commun à tous les êtres vivants de la terre.
Cette situation inédite est l’aboutissement du processus de domination du monde par l’Occident, processus entamé depuis la Renaissance au XVe/XVIe siècle et qui a débouché aujourd’hui sur l’unification de toutes les terres et de tous les peuples dans une aventure historique.
Tiré de Kebe, Mohammed Habib. « Le panafricanisme dans le contexte de la mondialisation », Présence Africaine, vol. 181-182, no. 1-2, 2010, pp. 221-249.