Panafricanisme : L’Alliance politique africaine pour canaliser les nombreuses aspirations du moments ?

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Que l’on refuse de le voir ou non, un vent souffle sur le continent africain ces dernières années. Il s’agit du renouveau du panafricanisme. On le constate surtout auprès de la jeunesse. Cela pourrait être positif ou négatif pour le futur de ce continent tant martyrisé. Mais, quand on analyse un peu l’évolution des mouvements qui naissent partout sur le continent et dans les diasporas, l’on peut craindre des actions contre-productives. Les dirigeants africains ont donc la lourde responsabilité de répondre aux aspirations légitimes des peuples vers leur émancipation. L’Alliance politique africaine (APA) qui est née récemment et qui a tenu sa première réunion ministérielle à Lomé au Togo le mercredi 3 mai 2023 pourra-t-elle relever ce défis ?

« L’Afrique actuelle n’est plus celle des années 45, encore mois des années 60… L’Afrique s’attend à plus d’égalité, de respect, d’équité et de justice dans ses relations et partenariats avec le reste du monde, avec les grandes puissances quelles qu’elles soient », déclarait le professeur Robert Dussey, ministre des Affaires étrangères, de l’Intégration régionale et des Togolais de l’Extérieur, dans son discours prononcé à la 77e session de l’Assemblée générale des Nations unies. Ces propos sont conformes aux aspirations du moment exprimées par les peuples d’Afrique. Mais, ceux-ci sont encore plus virulents et impatients. Ils ne veulent même plus entendre parler des anciennes puissances coloniales.

Beaucoup d’Africains sont convaincus que les puissances occidentales maintiennent délibérément le continent dans sa longue léthargie afin de continuer à profiter de ses nombreuses ressources; en évitant qu’un réveil du continent ne leur soit finalement pas fatale. Voient-ils juste ? Quoi qu’il en soit, l’on fait l’amère constat que malgré qu’il soit naturellement béni et que les autres pays notamment les puissances étrangères viennent s’abreuver à sa source, le continent ne profite pratiquement pas de ses ressources et se cherche encore sur le plan mondial. Plus de 50 ans après les indépendances, les Africains ne connaissent en grande partie que la misère, les conflits armées qui sont parfois alimentés par des mains noires, les catastrophes naturelles et climatiques, le terrorisme, le sous-développement etc…

Que cela soit un malentendu ou pas, il est évident que les populations africaines ne profitent pas vraiment des ressources de leur continent, et que l’Afrique n’est pas encore maître de son destin. Par exemple, lors de la première réunion ministérielle de l’APA à Lomé, l’on a fait le constat que l’Afrique est sous représentée aux Nations unies, notamment au sein du Conseil de sécurité, alors que le continent rassemble à lui seul 28% des États membres de l’ONU. Malheureusement, les réformes auxquels l’on appelle depuis longtemps peinent à se concrétiser. Les puissances étrangères, quels que soient leurs bords idéologiques et géopolitiques n’ont aucun intérêt à voir l’Afrique prendre ses responsabilités et émerger.

Tous autant qu’elles sont, préfèrent continuer à infantiliser l’Afrique à leurs profits. « l’Afrique n’a pas d’amis ». Il faut que ceux qui tentent de faire passer le panafricanisme du bloc occidental vers le bloc russe comprennent que l’Afrique n’a que des intérêts. « Désormais, nous voulons décider de la voie à suivre, et si vous êtes d’accord, vous nous accompagnez », déclarait justement le professeur Dussey mercredi dernier à Lomé. Cela doit être très clair pour tous ceux qui se réclament du panafricanisme. Il ne s’agit pas d’empêcher certains de profiter des ressources de l’Afrique et de vendre la terre de nos ancêtres à d’autres marchands mondiaux. L’Afrique décide avec qui elle veut coopérer en tenant compte de ses intérêts vitaux. C’est ça la philosophie des précurseurs du panafricanisme et des pères de l’indépendance.

Le continent doit prendre ses responsabilités et arrêter tout le temps de tendre les mains vers les autres pays, notamment les grandes puissances. C’est d’ailleurs cela qui ouvre la porte à toutes les formes de domination, préjudiciables aux peuples. « L’Afrique doit avoir sa propre voix et faire entendre sa voix dans le concert des nations. L’Afrique doit se positionner comme un bloc d’équilibre. Rien ne nous sera offert dans un environnement où le chacun pour soi domine et où les uns et les autres cherchent à se placer à l’avant-garde d’un nouvel ordre mondial. Nous devons travailler à renforcer nos certitudes, nos convictions », a déclaré le Premier ministre du Togo Victoire Tomégah-Dogbé.

« Nous devons également prendre nos responsabilités face aux défis économiques et géopolitiques. Nous considérons que la première marque de souveraineté est la souveraineté alimentaire. Nous devons nous acharner à produire ce que nous consommons et éviter ainsi d’être pris en otage par des pays en cas de crises. Nous considérons aussi que les pays africains doivent disposer d’une autonomie en matière sécuritaire et sur des sujets de défense nationale, il est de la responsabilité de chaque pays africain de se doter des moyens humains, matériels et moraux pour assurer la sécurité de son territoire et de ses populations tout en renforçant la coopération sous-régionale. Notre responsabilité en tant qu’Africains serait d’abord et avant tout de ne laisser aucune crise africaine sans réponses africaines. L’enjeu commun est de rendre l’Afrique forte, crédible et audible sur la scène internationale », a martelé Victoire Tomégah-Dogbé.

Les pays africains doivent travailler ensemble, c’est une obligation. Cela  a été rappelé lors de la première réunion ministérielle de l’APA. Les universités, les institutions de recherche et d’innovation, les intellectuels d’Afrique et des diasporas, les jeunes, les artistes, les cinéastes, les médias, et autres acteurs de la société civile sont appelés à apporter leurs contributions. Pour tout dire, il s’agit d’une responsabilité commune, collective. Chaque Africain doit se sentir interpellé et agir !

Edem Dadzie

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