Les propos tenu par le président tunisien Kaïs Saïed il y a quelques semaines n’a pas encore fini de faire couler de l’encre et de la salive. Ces propos qualifiés de racistes concernant les Africains originaires du Sud du Sahara ont fait réagir également la secrétaire générale de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), Louise Mushikiwabo. On peut noter dans sa réaction qu’elle est déçue par l’attitude de cet homme d’État.
« Les propos du président tunisien ont fait beaucoup de mal. Personnellement, j’étais très choquée parce que c’est un homme que je connais un peu, que j’ai rencontré à plusieurs reprises; j’ai co-présidé le dernier sommet de la Francophonie à ses côtés, et c’est d’autant plus dommage que nous sortons de Djerba (Le lieu où s’est tenu le dernier sommet de l’OIF en Tunisie). La Francophonie dans sa chaire, est une organisation basée sur l’entente et la solidarité internationale, sur la rencontre et la richesse des peuples. Il faut dire que ce qui s’est passé est très mauvais », a affirmé Louise Mushikiwabo.
« Les mots que le président tunisien a utilisé, notamment en évoquant les hordes de migrants, donnent l’impression qu’on parle d’animaux. On perçoit l’idée selon laquelle les subsahariens viennent en quelque sorte diluer ce qui est bon, le côté Arabe des Tunisiens. Pour moi, les Tunisiens sont en même temps des Africains et des Arabes, il n’y a pas de doute là dessus. J’ai eu l’occasion d’exprimer mon mécontentement au président Kaïs Saïed. Je lui ai envoyé une longe lettre. Juste après ces propos, j’ai reçu l’ambassadeur de Tunisie très longuement dans mon bureau ici à Paris », a poursuivi la secrétaire générale de la Francophonie.
« J’ai vu depuis lors que le président Kaïs Saïed a essayé de se corriger. Il a affirmé ne pas être un homme raciste, qu’il aurait été mal compris etc… Mais, sincèrement, les propos du président tunisien ont vraiment révolté beaucoup d’Africains dont moi-même qui suis de l’Afrique subsaharienne. J’ai vécu et travaillé en Tunisie. Ce n’est pas du tout comme ça que moi je vois la Tunisie. Quand un chef d’État s’exprime, il ou elle donne un message qui est capté surtout par des mauvais éléments. Il y en a dans chaque société », a ajouté madame Mushikiwabo.
« Le fait qu’il y ait un problème d’immigration illégale est une chose normale. Quand un chef d’État s’exprime sur la question, qu’il évoque les conséquences du phénomène, il doit être mesuré. J’ai trouvé ses propos extrêmement choquants. J’espère qu’on va essayer d’arranger les choses. Mais cela a fait beaucoup de mal », a conclu Louise Mushikiwabo.
Source : TV5 Monde (L’invité)