Le 20 décembre 2023, près de 44 millions d’électeurs inscrits sur une centaine de millions d’habitants, sont appelés à élire leur président, mais aussi les députés nationaux et provinciaux et les conseillers municipaux.
L’opposant et richissime homme d’affaires Moïse Katumbi, l’un des 23 candidats en lice est le premier à s’être rendu à Goma, capitale du Nord-Kivu, épicentre de violences et de crises humanitaires à répétition.
Là-bas, les habitants attendent des prétendants à la magistrature suprême de “restaurer la sécurité”, comme l’a dit à l’AFP Zéphanie Mayolo, chauffeur de moto-taxi de 33 ans, à l’arrivée de Moïse Katumbi.
Soutenu par l’armée rwandaise selon les experts de l’Onu, le M23 ( Mouvement du 23 mars) a repris les armes fin 2021 et s’est emparé de larges portions du territoire dans le Nord-Kivu dont Goma est la capitale. Le M23 a récemment pris la ville stratégique de Mweso, à une soixantaine de km de Goma.
Félix Tshisekedi, vainqueur controversé de la présidentielle de 2018, sollicite un nouveau mandat de cinq ans. Accompagné de son épouse, il arrivé mardi à Bunia, dans la province voisine de l’Ituri.
“Faites encore confiance. donnez-moi le second mandat en vue de poursuivre nos différents projets”, a-t-il lancé depuis la grande tribune de la ville. Six jours plus tôt, M. Katumbi y avait aussi tenu un rassemblement, dans une ambiance festive et décontractée.
L’Ituri est en proie à des violences depuis 2017, et 1,7 million d’habitants y ont fui leurs villages à cause de massacres perpétrés par différents groupes armés.
Le prix Nobel de la paix en 2018 et candidat à la présidentielle, Denis Mukwege a pour sa part lancé sa campagne dimanche dans sa ville natale de Bukavu, dans le Sud-Kivu.
“L’homme qui répare les femmes”, son surnom hérité d’un documentaire qui lui a été consacré pour son travail auprès des femmes violées, s’est ensuite rendu à Butembo et Beni où il a été accueilli par ses partisans, dont de nombreuses femmes en tee-shirt frappés du numéro 15, position que lui a attribuée la Commission électorale.
Le gynécologue de 68 ans promet de lutter contre la corruption, mettre fin à la guerre et à la famine. “Je suis un candidat de la paix. Ensemble, mettons fin à la faim et aux vices”, a-t-il insisté à Beni, fief des rebelles ADF, affiliés au groupe État islamique.
La campagne se déroule dans un contexte politique et sécuritaire particulièrement tendu. Un membre du parti de Moïse Katumbi a été tué mardi à Kindu dans des affrontements avec les partisans du parti de Tshisekedi.
Candidat malheureux à la présidentielle de 2018, pour laquelle il continue de revendiquer la victoire, Martin Fayulu sillonne aussi la région. Mardi à Beni, accompagné d’un artiste musicien pour agrémenter son rassemblement, il a appelé la population à “barrer la route” à Tshisekedi accusé de jouer le jeu des agresseurs.
“Si vous votez pour moi, nous allons doter Beni d’un camp militaire pour que le Rwanda et l’Ouganda nous respectent”, a-t-il lancé dans cette ville où les habitants n’avaient pas voté en 2018 en raison d’une épidémie d’Ébola.