Sécurité routière : Réduire de moitié le nombre de morts et de blessés sur la route, d’ici à 2030 ?

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Du 30 juin au 1er juillet 2022, s’est tenue la réunion de haut niveau de l’Assemblée générale des Nations unies sur la sécurité routière dans le monde. Cette réunion, qui est placée sous l’égide de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), avait pour thème : « La sécurité routière à l’horizon 2030 : garantir une décennie d’action et de réalisations ». Les États se sont engagés à réduire de moitié le nombre de morts et de blessés sur la route, d’ici à 2030. On a juste envie que cela ne soit pas des déclarations de plus. Sinon, pour être franc, les routes tuent énormément, surtout en Afrique et au Togo.

« La sécurité routière nous concerne tous. Chaque jour, nous empruntons des routes pour nous rendre au travail, accompagner nos enfants à l’école et satisfaire nos besoins quotidiens vitaux. Pourtant, nos systèmes de transport restent bien trop dangereux. Nous ne saurions tolérer aucun décès sur la route. La mobilité du futur doit s’attacher à promouvoir la santé et le bien-être et à protéger l’environnement, pour le bien de tous », a déclaré le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l’OMS.

Au niveau mondial, les accidents de la route tuent actuellement environ 1,3 million de personnes chaque année, soit plus d’une personne toutes les deux minutes, et plus de 90 % de ces décès ont lieu dans des pays à revenu faible ou intermédiaire. Les accidents de la route sont la principale cause de mortalité chez les enfants et les jeunes au niveau mondial. Plus de 50 millions de personnes sont mortes sur les routes depuis l’invention de l’automobile, soit un nombre de décès supérieur à celui enregistré lors de la première guerre mondiale ou lors des pires épidémies planétaires.

Au Togo, l’on enregistre des milliers d’accidents de la route chaque année, avec un nombre de morts situés souvent entre 300 et 600 par an. Vitesse, alcool, stupéfiants, fatigue et téléphone au volant sont les principales causes d’accidents de la route. Malgré les efforts du gouvernement pour lutter contre le phénomène, il s’est installé une pagaille indescriptible sur les routes. Selon les statistiques officielles, les véhicules motorisés à 2 roues et assimilées dont l’effectif est estimé à 400.000, constituent plus de 70% du parc automobile togolais. Proportionnellement, ces véhicules sont impliqués dans 70% des accidents de la circulation.

Chaque fois que vous prenez les routes togolaises, que ce soit à Lomé ou à l’intérieur du pays, vous avez toutes les chances de tomber sur au moins un accident de la route, avec parfois des images insoutenables. Les routes sont souvent exigües et en mauvais état. Mais qu’en est-il des endroits où les routes sont spacieuses et en très bon état ? Là, c’est la catastrophe. On assiste à des courses de vitesse entre les conducteurs. Certains motocyclistes refusent de porter les casques. Le viol des feux tricolores est devenu la chose la mieux partagée au Togo, à tel point qu’à certains endroits, s’arrêter au feu rouge fait de vous une curiosité, une personne en déphasage avec les réalités locales. Pire, vous risquez de vous faire insulter ou percuter par un usager qui comprend mal pourquoi vous vous arrêtez aux feux tricolores.

Pour beaucoup de feux tricolores, l’on ne respecte que lorsqu’il y a des corps habillés, notamment ceux de la brigade motorisée ou de la Division de la sécurité routière (DSR). Même dans ce cas, il y a toujours des individus qui violent le code de la route. Avant l’épisode de la Covid-19, le ministre de la Sécurité et de la Protection civile du Togo, le général de brigade Damehame Yark, avait décidé que tous les usagers à deux roues disposent (quelle est cette concordance de temps que vous voulez faire après décider dans ce cas ?) d’un certain délai pour aller apprendre le code, passer et obtenir le permis de type A.

L’initiative est très louable et l’on doit tendre vers cet idéal. Toutefois, lorsque l’on observe le comportement des automobilistes qui sont censés avoir étudié le code de la route, avoir passé et obtenu le permis de conduire de type B, on comprend qu’il y a un sérieux problème d’éducation, de mentalités qu’il faut changer, de sensibilisation. Le problème est simple : c’est de l’indiscipline. Comme l’a dit le président béninois Patrice Talon, la pagaille règne dans nos pays, au nom d’une pseudo liberté ou démocratie.

En dehors de toutes les mesures prises par les autorités et qui doivent aboutir à des résultats probants, il faut assurer une surveillance rigoureuse et sévir. Malheureusement, quand on voit les corps habillés accepter de l’argent pour laisser passer un véhicule de 5 places occupé par 7 ou 8 personnes ; un véhicule de 15 places rempli par 20 à 25 personnes ; des véhicules portant des bagages au-delà de la norme, on se demande si les routes ne continueront pas à tuer de plus belle ?

Des « cercueils roulants » circulent sur nos routes sans aucun contrôle, sans être inquiétés. Et c’est lorsque les drames surviennent que tout le monde se réveille. Le récent drame de Bako en est l’illustration. A cette allure, comment parviendra-t-on à réduire de moitié le nombre de morts et de blessés sur les routes d’ici 2030 ? Une utopie ? « Par cette déclaration, les gouvernements du monde entier s’engagent à diriger et coordonner les efforts pour garantir que tous les échelons de la société agissent pour la sécurité routière et s’engagent à renforcer les politiques et les mesures afin de réduire les décès et les traumatismes. La Déclaration appelle à mettre au point et à financer des plans nationaux et locaux assortis de cibles et d’un financement clairs », affirment les responsables de l’OMS.

Réuni en Conseil des ministres le vendredi 25 mars 2022, le gouvernement togolais a décidé de créer un Office national de la sécurité routière (ONSR). Sans doute un pas de plus vers une meilleure régulation du secteur des transports… En tout cas, selon le directeur général de l’OMS, « Pour faire de cette déclaration politique une réalité, il faudra un leadership fort, porteur de transformations, aux plus hauts niveaux de la puissance publique ».

Edem Dadzie

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