Aujourd’hui au Sénégal, sur la scène politique nationale, il y a un nom qui domine. Celui du maire de Zinguinchor, Ousmane Sonko. Sa popularité donne la chaire de poule. Mais, comment est-il parvenu à cette étape ? Comment peut-on expliquer la naissance de ce monstre politique qui donne des insomnies aux autorités sénégalaises et à certaines puissances étrangères.
Le Sénégal compte pratiquement 17 millions d’habitants sur son territoire. Et si l’on fait un sondage, il est possible que ce jeune politicien vienne en tête. Les manifestations auxquelles lui-même ou ses partisans appellent sont de véritables démonstrations de forces. Ousmane Sonko a visiblement réussi à voler le cœur des Sénégalais, et pour le moment, ceux-ci le lui rendent en grand nombre. Toutes les sorties publiques de l’homme dans le cadre de ses déboires judiciaires mobilisent quasiment tout l’appareil sécuritaire du pays.
La dernière caravane en est une illustration. Les réactions qui ont suivi sa condamnation à deux ans de prison ferme pour « corruption de la jeunesse », le prouvent également. Il faut déplorer, regretter et condamner les violences d’où qu’elles viennent, surtout les morts que l’on a eu à enregistrer. Mais, ne pouvait-on pas éviter tous ces événements malheureux ? Beaucoup d’observateurs avaient fait remarquer que l’affaire Adji Sarr dans laquelle d’ailleurs Ousmane Sonko vient d’être acquitté pour l’accusation de viol, ne tenait pas debout.
La justice sénégalaise qui aurait dû mesurer les risques que courrait le pays en ne laissant pas cette affaire devenir une pourriture dans la République a préféré foncer tête baissée contre le mûr qui s’était érigé devant lui (le peuple). Le président de la République de son côté n’a pas vraiment été à la hauteur de la situation. La situation l’arrangerait-elle ? Serait-il à la manœuvre comme une certaine opinion l’accuse de le faire ? Macky Sall voudrait-il obtenir un troisième mandat ?
Ousmane Sonko serait selon des analystes, l’adversaire le plus sérieux du président sénégalais aujourd’hui. Après l’affaiblissement de Karim Wade, du Parti démocratique sénégalais (PDS) de l’ancien président Abdoulaye Wade et de Khalifa Sall, une autre force politique est née : Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité (Pastef). Il est dirigé par un jeune patriote, panafricain, téméraire, Ousmane Sonko.
Mais qui est au juste Ousmane Sonko ?
Il est né le 15 juillet 1974 à Thiès de parents fonctionnaires. Il grandit principalement en Casamance puis effectue ses études supérieures à l’université Gaston-Berger de Saint-Louis où il obtient une maîtrise en droit public en 1999. Il entre ensuite comme major à l’École nationale d’administration (ENA) du Sénégal. En 2001, il sort diplômé de l’ENA, section « impôts et domaines », et intègre l’administration avec un premier poste qui le conduit au Centre des services fiscaux de Pikine.
En 2003, Ousmane Sonko obtient un Diplôme d’études approfondies (DEA) en finances publiques et fiscalité à l’université Cheikh-Anta Diop de Dakar (UCAD). Il est aussi titulaire d’un master 2 en gestion et finances publiques de l’Institut supérieur des finances (ISF), et également doctorant en droit public économique et fiscalité à l’université Jean-Moulin Lyion III en France.
Ousmane Sonko a été député à l’Assemblée nationale sénégalaise de 2017 à 2022 et est devenu maire de la ville de Zinguinchor en 2022. Candidat à l’élection présidentielle de 2019 dans son pays sous la bannière de la Coalition « Sonko président », il arrive troisième avec 15% des voix. Il s’est aussi déjà déclaré candidat pour la future élection présidentielle. Ousmane Sonko est un anti impérialiste qui s’assume.
Serge Lenoir