Sénégal : Macky Sall pense-t-il pouvoir obtenir un contexte plus favorable dans quelques mois ?

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Suite à la décision rocambolesque du président sénégalais Macky Sall de reporter l’élection présidentielle dans son pays, plusieurs analystes donnent leurs avis. C’est le cas de Gilles Yabi, responsable du Think Thank Wathi basé à Dakar au Sénégal. Il s’est prononcé auprès de nos confrères de RFI.

On ne voit pas très bien quel est l’intérêt personnel d’un président sur le départ à prendre une décision qui ne peut que plonger son pays dans une crise. Rester neuf, dix ou onze mois de plus au palais, après douze ans de pouvoir ? La seule motivation qu’on peut imaginer est celle de vouloir décider du moment et des conditions de l’élection qui assureraient le résultat qu’il souhaite.

En d’autres termes, choisir son successeur ou au minimum, éviter de transmettre le pouvoir à son pire adversaire politique. Mais quelles sont les chances que le contexte soit plus favorable à un tel dénouement en décembre prochain plutôt qu’en février après avoir pris une décision incroyablement impopulaire ? C’est en cela que la décision du président semble défier la rationalité.

Oui, le report de l’élection dans ces conditions rocambolesques a transformé 2024 en une année d’incertitudes radicales. La légitimité du président sera-t-elle reconnue après la fin de son mandat, le 2 avril 2024 ? Quel avenir pour le Conseil constitutionnel dont deux des membres sont accusés sans preuve de corruption, une manière de mettre en cause l’intégrité de la plus haute juridiction constitutionnelle qui joue un rôle crucial dans le processus électoral ?

Faudra-t-il repartir à zéro et rouvrir la liste des candidatures ? Ousmane Sonko sera-t-il libéré au nom de l’exigence d’une réconciliation politique ou sera-t-il au contraire rejoint durablement par son remplaçant et candidat désigné pour la présidentielle, Diomaye Bassirou Faye, détenu mais pas encore jugé ? Pendant combien de mois encore les forces de l’ordre massivement déployées, certes bien équipées et organisées, pourront-elles étouffer les manifestations et faire face à une exaspération désormais évidente ? 

Les questions sans réponses sont très nombreuses et c’est cela la caractéristique d’un environnement incertain. Le scénario le moins dangereux serait l’annonce très rapide d’un retour à un calendrier électoral compatible avec le départ paisible du président en avril prochain, conformément à la lettre de la constitution. Toutes les autres options reviendraient à jouer à la roulette russe avec la stabilité du Sénégal. L’Afrique de l’Ouest n’en a vraiment pas besoin.

LPM

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