Dans un entretien exclusif sur New World TV, le ministre malien des Affaires étrangères et de la Coopération internationale Abdoulaye Diop a fait le tour d’horizon d’un certain nombre de sujets cruciaux de l’heure. Il s’agit notamment du terrorisme, des relations avec la France, de l’Alliance des États du Sahel (AES), les élections.
Abdoulaye Diop revient sur la déstabilisation de la Libye par l’Organisation pour le traité de l’Atlantique Nord (Otan) en 2011 avec des répercussions sur les pays du Sahel, et plus tard sur les pays du Golfe de Guinée. Les mêmes sont venus ensuite aider le Mali, mais dix ans après, le résultat est très mitigé. Le pays du colonel Assimi Goïta a ainsi décidé d’investir dans ses propres capacités.
« Avec les équipements que nous avons aujourd’hui et la détermination des Forces de défense et de sécurité (FDS), nous gagnons du terrain », explique Abdoulaye Diop. Selon le ministre malien, l’armée malienne est aujourd’hui présente sur l’ensemble du territoire national. Mais comme dans les autres pays du Sahel, il y a encore des parties du territoire où les terroristes agissent.
Actuellement, la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (Minusma) est en train de libérer les zones occupées au profit de l’armée nationale. « Nos forces sont prêtes, y compris pour anticiper l’occupation des emprises libérées », assure Abdoulaye Diop. Selon lui, cette mission qu’accomplissaient les forces de l’Onu au Mali ne permettait pas de résoudre le problème sécuritaire.
« Cette force assistait statique au massacre des populations. De plus, récemment nous avons vu que certaines puissances, notamment la France, essayaient d’instrumentaliser la mission », affirme-t-il. Près de 25% du budget du pays est aujourd’hui dépensé dans le domaine sécuritaire selon le diplomate. S’agissant des partenariats, Abdoulaye Diop fait observer que son pays est prêt à travailler avec tout les pays qui le souhaitent.
Ceux ci doivent respecter les valeurs et les choix du pays. Le Mali martèle que les actes de déstabilisation sont quotidiennes de la part des autorités françaises. Il s’agit notamment du soutien des groupes terroristes, la fourniture d’équipements à ces groupes. Une plainte du Mali est en attente d’instruction au niveau du Conseil des sécurité des Nations unies.
Concernant la coopération avec la Russie, il s’agit selon lui d’un partenaire qui respecte la souveraineté malienne, est dans une dynamique de partenariat gagnant-gagnant. « Il ne s’agit pas de quitter un maître pour un autre ». Abdoulaye Diop salue l’attitude du Togo à travers le président de la République Faure Gnassingbé.« Le Togo ne cherche pas à nous juger ou à nous pénaliser, mais, à agir de façon constructive et à rechercher des solutions », indique-t-il.
Le Mali, le Burkina Faso et le Niger ont décidé de travailler ensemble parce que toute déstabilisation d’un de ces pays agit inévitablement sur les autres. Le Mali a d’ailleurs fait savoir qu’il est contre toute intervention militaire au Niger, et que cela constituerait une déclaration de guerre contre le pays. L’AES compte aussi s’occuper de questions économiques et monétaires.
Serge Lenoir