Stabilité : Ces missions de paix de l’Onu en Afrique… Inefficacité et enlisement !

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Le vendredi 16 juin 2023, devant le Conseil de sécurité des Nations unies, le ministre malien des Affaires étrangères Abdoulaye Diop a réclamé le retrait sans délai de la mission de paix dans son pays. Il fallait s’y attendre, vu les relations qu’entretient ce pays depuis quelques mois avec la communauté internationale. Mais, n’est-ce pas aussi le lieu de poser un regard objectif sur ces multiples missions de l’Onu que l’on a dénombré sur le continent africain au fil des années ?

L’Afrique est historiquement le théâtre des opérations de maintien de la paix des Nations unies. Sur les 70 missions déployées sous mandat onusien depuis 1948, 30 l’ont été sur le continent africain. Aujourd’hui encore, ce continent demeure au centre des préoccupations du Conseil de sécurité. En 2015, 95 des 244 réunions du Conseil, 54 des 123 rapports remis par le secrétaire général et 31 des 63 résolutions votées par le Conseil concernaient exclusivement l’Afrique.

Ainsi, environ 40 % du travail accompli par le Conseil concerne le continent africain. Deux fois par an se tient d’ailleurs un débat général sur les questions de « paix et de sécurité en Afrique », l’occasion d’évoquer des sujets transversaux comme la stratégie pour le Sahel, l’épidémie Ebola, la piraterie dans le golfe de Guinée.

La présence des Nations unies a pris, au fil des années, des formes très diverses et complémentaires : des missions politiques spéciales (Somalie, Burundi, Guinée-Bissau, Libye), des bureaux régionaux (Afrique de l’Ouest, Sahel, Afrique centrale), des opérations multidimensionnelles (Mali, Centrafrique, RDC, Soudan du Sud, Liberia, Côte d’Ivoire), une force intérimaire ne comprenant qu’un seul contributeur de troupes (Abyei), une mission logistique (Somalie) et une opération conjointe avec l’Union africaine (Darfour).

À ces missions de terrain, il faut ajouter le travail des groupes d’experts des régimes de sanction, le rôle de médiation d’envoyés spéciaux, le rôle des agences humanitaires et le travail de la Commission de consolidation de la paix à l’égard de certains États sortant de crise (le Burundi, la Sierra Leone, la Guinée, la Guinée-Bissau, le Liberia et la République centrafricaine sont inscrits à son ordre du jour). Selon les crises, leur contexte régional et politique, le Conseil de sécurité et le secrétariat ont d’une certaine manière adapté leur dispositif.

Certaines opérations de maintien de la paix ont constitué des laboratoires d’un maintien de la paix en constante évolution : c’est tout particulièrement le cas de la Monusco en République démocratique du Congo (RDC) et de la Minusma au Mali ? « Le réalisme impose le constat de l’échec de la Minusma dont le mandat ne répond pas au défi sécuritaire. La Minusma semble devenir partie du problème en alimentant les tensions communautaires », affirme Abdoulaye Diop. Le mandat des casques bleus ne leur permet malheureusement pas de mener des offensives contre les groupes terroristes.

Les missions de l’Onu sont souvent politiquement peu robustes, soit parce qu’elles ne peuvent pas s’appuyer sur un processus politique solide (exemples du Mali et de la RDC), soit que les grands États du Conseil s’en désintéressent (exemples du Sud-Soudan et du Darfour), soit qu’ils ne souhaitent pas utiliser leurs moyens de pression pour que la mission soit mieux respectée (exemples de la RDC et du Sahara occidental).

LP

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