Plus de 8 millions de Tchadiens ont voté le lundi 6 mai 2024 dans le cadre de l’élection présidentielle devant mettre fin à trois ans de transition politique et militaire à la tête du pays. 10 candidats étaient en lice pour ce scrutin aux enjeux hautements stratégiques.
Mais, l’élection se jouait essentiellement entre le général Mahamat Idriss Déby Itno, fils du défunt président le maréchal Idriss Déby Itno, et président de la transition qui est en train de prendre fin; et son Premier ministre, opposant auparavant, leader du parti politique Les Transformateurs, le Dr Succès Masra.
Certains opposants ont appelés à boycotter ces élections qui devraient selon eux confirmer le fils de l’ancien dirigeant dans ses fonctions de président de la République, donc une sorte de normalisation, une formalité … Le chef de la transition est soutenu par les occidentaux avec en tête la France et les États-Unis.
L’ancienne puissance colonisatrice qui ne voudra certainement pas perdre un nouveau territoire sur le continent africain ne mettra-t-il pas tout en œuvre pour que le dirigeant qu’il a placé au pouvoir au lendemain de l’assassinat du maréchal Idriss Déby, puisse demeurer à ce poste ?
Au même moment, il faut faire observer que ces derniers mois Succès Masra s’est aussi énormément rapproché de la France qu’il a combattu entre-temps. Serait-on alors dans un schéma où les deux prétendants sérieux au fauteuil présidentiel sont des candidats de la France ?
Dans ce cas, il n’y aurait plus d’enjeu pour les populations qui souhaitent un panafricaniste, un patriote au pouvoir; quelqu’un qui ne soit à la solde d’aucun impérialiste. Et puis, comment la France va-t-elle s’arranger pour que l’un reste au pouvoir, et que l’autre accepte de s’écarter ?
C’est là qu’interviendra certainement l’accord secret qui a fait revenir Masra au Tchad pour devenir le Premier ministre d’un régime qu’il combattait quelques mois auparavant. Tout semble avoir été déjà réglé, et que l’on assiste juste une comédie.