Ce lundi 1er janvier 2023, le président de la transition, le général Mahamat Idriss Déby Itno a nommé Succès Masra, le leader du parti Les Transformateurs, Premier ministre du Tchad.
“Le docteur Succès Masra est nommé Premier ministre, chef du gouvernement de transition”, a annoncé le secrétaire général à la présidence de la République, Mahamat Ahmat Alabo.
Le président du parti Les Transformateurs avait été parmi les plus virulents opposants au pouvoir militaire en place depuis deux ans et demi, après la mort d’Idriss Déby Itno, en avril 2021.
Quelques jours avant le dernier scrutin, M. Masra avait publiquement appelé son camp à voter oui au référendum pour une nouvelle Constitution promulguée vendredi dernier.
Le 20 octobre 2022, des manifestants, partis du siège des Transformateurs, avaient protesté contre le maintien des militaires au pouvoir, qui venaient de faire prolonger de deux ans une transition de 18 mois au terme de laquelle ils avaient initialement promis de rendre le pouvoir aux civils par des élections.
Une cinquantaine de personnes avaient été tuées ce jour-là selon les autorités, entre une centaine et 300 selon l’opposition et des ONG locales et internationales, pour la quasi-totalité des jeunes manifestants tués par balles par les militaires et les policiers, essentiellement à N’Djamena.
Comme plusieurs autres leaders de l’opposition, Succès Masra avait été contraint de s’exiler quelques jours après et n’avait pu revenir dans le pays le 3 novembre qu’à la suite d’un accord de réconciliation signé à Kinshasa le 31 octobre 2023.
Le gouvernement s’engageait à garantir “le libre exercice de ses activités politiques” à M. Masra. Lui disait vouloir “continuer le dialogue en vue d’une solution politique pacifique”.
Plusieurs partis de l’opposition avaient pris leurs distances avec M. Masra, exprimant également leur désaccord sur l’amnistie générale prononcée pour “tous les Tchadiens, civils et militaires” impliqués dans les évènements du “Jeudi noir.”
Et à la suite de sa nomination, des voix s’élèvent sur le continent africain et dans la diaspora pour dénoncer une trahison.