Des entreprises locales et étrangères extraient et traitent des résidus de plomb toxiques d’une ancienne mine industrielle située dans la ville Kabwe, à environ 150 km au nord de la capitale Lusaka. Ces activités présentent d’importants risques pour la santé des enfants de la région, selon un rapport publié le 5 mars dernier par l’ONG Human rights watch.
Intitulé « Poisonous profit : Lead waste mining and children’s right to a healthy environment in Kabwe, Zambia », le rapport précise que la mine de plomb et de zinc de Kabwe a été ouverte pendant la période coloniale britannique et fermée en 1994, laissant derrière elle environ 6,4 millions de tonnes de déchets de plomb non recouverts.
Depuis lors, le plomb a contaminé des zones résidentielles, exposant jusqu’à 200 000 personnes. Ce métal hautement toxique est particulièrement nocif pour les enfants lorsqu’il est inhalé ou ingéré.
Même de faibles doses absorbées sur une période prolongée par les enfants peuvent provoquer des retards intellectuels et physiques irréversibles : troubles du langage, du comportement, difficultés motrices, baisse modérée de l’acuité auditive, coma et décès.
Pendant la période de grossesse, l’ingestion de plomb par les femmes peut entraîner une fausse couche et d’autres complications pour les bébés comme les troubles d’apprentissage et les retards de croissance.
Le rapport, qui se base sur des images géospatiales et des entretiens réalisés avec des mineurs artisanaux, des entreprises et des représentants du gouvernement, indique que le gouvernement zambien a accordé des licences à des entreprises sud-africaines, chinoises et locales pour mener des activités d’extraction et de traitement du zinc, du plomb ou d’autres minéraux parmi les déchets contaminés dans la zone de l’ancienne mine de Kabwe.
Ces entreprises ont retiré d’importantes quantités de déchets de la mine et les ont placés dans des tas à ciel ouvert dans divers quartiers de Kabwe, mettant encore plus en danger la santé des habitants.
Des mineurs artisanaux et à petite échelle ont aussi affirmé avoir extrait du plomb, du zinc et d’autres minéraux sur un site géré par Enviro processing limited (EPL), une filiale de la compagnie sud-africaine Jubilee Metals qui détient une licence d’exploitation minière (concession) recouvrant une grande partie de l’ancienne zone minière de Kabwe.
Une exploitation minière artisanale et dangereuse de déchets de plomb a également eu lieu dans une zone voisine. Les mineurs ont déclaré qu’après le processus d’extraction, ils vendaient des minerais aux sociétés chinoises Datong Industries, Chengde Mining et Superdeal Investments, spécialisées dans le traitement de minéraux.
Les Nations unies ont décrit Kabwe comme une « zone de sacrifice », une région où les communautés souffrent d’une exposition extrême à la pollution et aux substances toxiques.
La contamination du sol de la ville a atteint 60 000 milligrammes de plomb par kilogramme. Or, une contamination supérieure à 200 milligrammes par kilogramme est considérée comme un danger pour les résidents par l’Agence américaine de protection de l’environnement.
Une étude médicale a également révélé que le niveau moyen de plomb dans le sang des habitants de Kasanda, un quartier proche de l’ancienne mine, est de 60,2 µg/dl (microgrammes par décilitre) alors que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) considère le seuil de 5 µg/dl comme étant dangereux.
Des chercheurs estiment aussi que plus de 95% des enfants vivant à proximité de l’ancienne mine de Kabwe présentent des taux élevés de plomb dans le sang, et qu’environ la moitié d’entre eux auraient besoin d’un traitement médical d’urgence.
Le rapport souligne d’autre part que le gouvernement zambien n’a pas jusqu’ici agi suffisamment pour faire respecter les réglementations minières, environnementales et du travail bien que la loi prévoie des sanctions contre les entreprises présentant un « environnement de travail dangereux » ou engendrant une « pollution incontrôlable ».
Les autorités n’ont pas non plus achevé la décontamination de la mine de Kabwe suite à sa fermeture bien que certaines mesures aient été prises dans le cadre du « Projet d’assainissement et d’amélioration de l’exploitation minière et de l’environnement en Zambie », financé par la Banque mondiale.
Human rights watch appelle dans ce cadre le gouvernement zambien à révoquer les licences des entreprises impliquées dans l’extraction, l’élimination et le traitement dangereux de déchets contenant du plomb à Kabwe et à mettre en place un programme rigoureux pour nettoyer l’ancienne mine de plomb et ses résidus, en recherchant un soutien technique et financier auprès d’organismes donateurs et des entreprises responsables de la pollution.
LPM et Agence Ecofin
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