L’Afrique centrale est appelée à accélérer la modernisation de ses systèmes logistiques et de transport pour tirer pleinement parti de la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf) et accélérer son intégration économique.
Dans un contexte où la Zlecaf est perçue comme un levier clé face au chômage, à l’insécurité alimentaire, à la dépendance extérieure et à la vulnérabilité aux chocs externes, le désenclavement de la sous-région apparaît comme un impératif.
« Sans des systèmes logistiques modernisés, fluides et durables, la promesse de la Zlecaf ne pourra se concrétiser. C’est un impératif non seulement économique, mais aussi social et sécuritaire », affirme Jean Luc Mastaki, directeur du Bureau sous-régional pour l’Afrique centrale de la CEA.
Quatre priorités d’action émergent : moderniser les infrastructures régionales pour qu’elles soutiennent une connectivité fluide et inclusive dans le cadre de la Zlecaf ; réduire les coûts logistiques, qui atteignent jusqu’à 40% de la valeur des importations dans certains pays de la sous-région ; créer un environnement propice à l’innovation, à la digitalisation et à la coopération régionale, en mettant l’accent sur la performance des corridors et la formation des acteurs du secteur ; mettre en place des mécanismes de financement mixte pour les infrastructures intelligentes.
L’Afrique centrale reste confrontée à des contraintes structurelles majeures. Moins de 30% de ses routes régionales sont en bon état. Les échanges intracommunautaires stagnent à moins de 2% des exportations totales des pays de la CEEAC, bien en deçà des moyennes observées dans d’autres communautés économiques régionales.
Environ 80% des flux commerciaux empruntent encore des corridors coûteux, peu sécurisés et mal entretenus, pénalisant la compétitivité des petites et moyennes entreprises et freinant la diversification économique.
L’on reconnait la nécessité d’ancrer les politiques nationales et régionales dans des outils opérationnels, notamment ; des observatoires logistiques, des guichets uniques intelligents, des mécanismes régionaux de financement innovants, une harmonisation réglementaire efficace.
L’on insiste par ailleurs sur le rôle central du capital humain. Il faut notamment valoriser les métiers du transport et favoriser une montée en compétences rapide.
La Banque africaine de développement (Bad) propose une feuille de route autour de trois axes : investir dans les corridors régionaux intégrateurs, tels que Brazzaville-Kinshasa, Douala-Bangui, Douala-N’Djamena ; harmoniser les politiques de facilitation du commerce et du transit en soutenant les cadres réglementaires régionaux ; renforcer les institutions et les capacités techniques notamment par l’intégration de solutions numériques et la promotion des corridors intelligents fondés sur la traçabilité, l’interopérabilité des données et la gouvernance partagée.
« L’approche infrastructurelle doit impérativement être couplée à une amélioration des services logistiques et à une vision de long terme fondée sur la résilience, la durabilité et la compétitivité », déclare Joseph N’guessan, chef de division en charge des infrastructures pour l’Afrique centrale et du Nord à la Bad.
« L’heure est venue de passer de l’analyse à l’action. Une Afrique centrale connectée est la condition de sa transformation structurelle » a insisté Jean-Luc Mastaki.
La rédaction