La 20ème session de la Conférence ministérielle africaine sur l’environnement (AMCEN) s’est achevée à Nairobi, au Kenya le vendredi 18 juillet 2025.
Les ministres et représentants de 53 pays ont appelé à un financement équitable de la lutte contre le changement climatique afin de répondre aux besoins croissants du continent en la matière et ont exhorté la COP30 à prendre des engagements concrets pour faire face aux effets de plus en plus graves du changement climatique dans la région.
Les ministres ont noté que, bien que l’Afrique soit le continent qui contribue le moins aux émissions mondiales, elle supporte une part disproportionnée des effets du changement climatique et reçoit le moins de contributions au titre du financement climatique. Ils ont appelé à un accroissement du financement public, du transfert et du développement de technologies vers l’Afrique pour faire face aux pertes et dommages, à l’adaptation et à une transition juste.
« La COP30 doit commencer par la finalisation des discussions sur l’objectif mondial en matière d’adaptation. Il est essentiel que les indicateurs reflétant la manière dont les pays développés soutiennent l’Afrique, en particulier par le biais du financement de l’adaptation et du transfert de technologies, soient clairement liés aux moyens de mise en œuvre », a déclaré Richard Muyungi, président du Groupe des négociateurs africains.
« Le financement doit être une priorité. Nous voulons voir des progrès sur la Feuille de route de Bakou à Belém, en particulier la mise en œuvre de l’objectif de 1 300 milliards de dollars fixé à Bakou. Cela nous permettra d’avancer vers 2035 avec une compréhension claire de la manière dont ces ressources engagées par les pays développés seront mobilisées. En outre, nous attendons un soutien fort pour la préparation et la mise en œuvre des plans nationaux d’adaptation au niveau des pays », a-t-il poursuivi.
« Dans les discussions sur la transition juste, nous devons veiller à ce que la transition soit équitable, sensible au genre et répondre aux besoins des jeunes. Nous souhaitons également que des solutions de cuisson propre et l’accès à l’énergie, en particulier pour les 600 millions d’Africains qui n’ont actuellement pas accès à l’énergie, soient intégrés dans les cadres de transition juste, avec un objectif spécifique visant à atteindre au moins 300 millions de personnes », a-t-il ajouté.
Les dirigeants ont réitéré leurs appels à une réforme des institutions financières internationales afin de les aligner sur les priorités de développement de l’Afrique et de mobiliser des financements pour le climat sous forme de subventions et de financements concessionnels. Ils ont mis en garde contre les financements sous forme de prêts, qui ont aggravé le surendettement de nombreux pays.
Les ministres ont souligné que la Feuille de route de Bakou à Belém doit refléter la responsabilité des pays développés de fournir et de diriger le financement climatique, comme le prévoit l’Accord de Paris. Ils ont appelé à la réalisation complète et transparente de l’objectif de doublement du financement de l’adaptation et ont exhorté la COP30 à convenir d’un nouvel objectif ambitieux qui réponde aux besoins d’adaptation de l’Afrique, estimés à 845 milliards de dollars entre 2020 et 2035, le plus élevé de toutes les régions.
Ils ont souligné l’importance de mettre en œuvre des voies de transition justes et équitables tout en tirant parti des ressources naturelles de l’Afrique, notamment les minéraux essentiels, afin de promouvoir la croissance économique et le développement durable de l’Afrique.
« Pour l’Afrique, la COP30 doit aller au-delà des discours et du symbolisme pour aboutir à des négociations significatives et axées sur les résultats, qui produisent des solutions tangibles aux défis climatiques les plus urgents du continent. Elle exige un engagement sincère de toutes les parties, en particulier des pays développés, à prendre des mesures mesurables et responsables à la hauteur de l’ampleur de la crise. Pour l’Afrique, le véritable succès réside dans l’unité », a indiqué Christopher B. Kabah, directeur de la planification et de la politique à l’Agence de protection de l’environnement au Liberia.
« Le continent doit s’unir et parler d’une seule voix pour exiger un traitement équitable, un financement accru pour la lutte contre le changement climatique et des partenariats plus solides qui dépassent les murs des salles de conférence. L’Afrique doit également prendre des mesures audacieuses pour faire face aux effets du changement climatique sur son territoire en intégrant et en développant les systèmes de connaissances autochtones qui aident depuis longtemps les communautés à s’adapter à l’évolution de l’environnement dans ses stratégies d’adaptation au changement climatique », a insisté le responsable.
Edem Dadzie