Sénégal : « Notre système d’enseignement doit être décolonisé »

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Jeudi dernier, le président sénégalais Bassirou Diomaye Faye a officiellement ouvert les concertations nationales sur l’Agenda national de transformation de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation, appelant à une refonte complète du système universitaire sénégalais.

« 75 ans après notre indépendance, il est temps d’imaginer une université sénégalaise moderne, ouverte aux mutations actuelles mais profondément enracinée dans nos réalités ». C’est par ces mots qu’il a lancé les activités de la rencontre.

Face à un parterre composé de membres du gouvernement, du corps diplomatique, de partenaires techniques et financiers, ainsi que de représentants du monde universitaire, le chef de l’État sénégalais a dressé un diagnostic sans complaisance du système d’enseignement supérieur sénégalais.

« L’université sénégalaise est traversée par de multiples problématiques qu’elle se doit de résoudre », a déclaré le président, citant notamment les infrastructures défaillantes, l’explosion du nombre d’étudiants, l’inadéquation des curricula, les problèmes de financement et la digitalisation insuffisante.

Le constat est particulièrement alarmant concernant l’instabilité chronique du calendrier universitaire, qui coûte selon lui « annuellement plus de 40 milliards de francs CFA, soit 400 milliards ces 10 dernières années ».

Face à cette situation qu’il juge « non viable », le chef de l’État a annoncé le lancement imminent d’un plan d’urgence sur les infrastructures universitaires, conformément à ses instructions en Conseil des ministres le 27 novembre 2024.

L’un des axes majeurs de cette transformation concerne la « décolonisation » du système d’enseignement supérieur. « Notre système d’enseignement doit être décolonisé et recentré sur nos réalités culturelles, sociales, économiques et environnementales », a insisté Bassirou Diomaye Faye.

Cette décolonisation passe notamment par l’introduction du plurilinguisme dans les curricula, avec une reconnaissance accrue des langues nationales et africaines aux côtés du français et de l’anglais.

« Les savoirs endogènes longtemps marginalisés doivent retrouver leur place légitime dans nos contenus pédagogiques », a-t-il ajouté, qualifiant cette démarche d’ « acte de souveraineté scientifique et culturelle ».

Le président sénégalais a pointé du doigt l’inadéquation entre les formations dispensées et les besoins réels du développement national.

« Les curricula de formation, les compétences que nos établissements d’enseignement supérieur produisent ne sont pas alignés sur les quatre axes de l’agenda national de transformation », a-t-il déploré.

Il a notamment regretté que les établissements sénégalais forment « peu de techniciens supérieurs, très peu d’ingénieurs, peu de licenciés et de masters en sciences et en technologie », qualifiant cette situation de « handicap majeur » pour atteindre les objectifs de transformation du pays.

L’appropriation des nouvelles technologies constitue un autre pilier de cette transformation. Le chef de l’État a appelé l’enseignement supérieur à « former les ressources humaines dans les domaines stratégiques comme l’intelligence artificielle, la cybersécurité, la robotique, les data sciences et la réalité virtuelle ».

À cet égard, il a salué les récents succès technologiques du Sénégal, notamment le lancement du premier satellite sénégalais en août 2024, y voyant la preuve d’un « Sénégal des talents qui innove et se projette avec fierté vers le futur ».

La réforme s’inscrit dans une vision d’équité territoriale avec la création de huit pôles territoriaux d’enseignement supérieur. « Nous voulons un enseignement supérieur pour tous, quel que soit le lieu », a affirmé Bassirou Diomaye Faye, prônant une « mobilité institutionnelle des enseignants-chercheurs » comme « seul gage d’une égalité de chances ».

Serge Lenoir

 

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