Le dimanche 19 novembre 2023 se sont achevées à Nairobi au Kenya, les négociations pour un traité visant à mettre fin à la pollution plastique. L’on note qu’il y a eu très peu de progrès.
Pendant une semaine, des représentants de 175 pays, des militants de l’environnement mais aussi des lobbyistes défendant les producteurs de pétrole se sont retrouvés pour leur troisième session de négociations. Mais les positions divergent et les discussions ont été tendues jusqu’à la fin des négociations.
À Nairobi, les discussions ont été marquées par des désaccords jusqu’au dernier moment. Un projet de traité avait été publié en amont, présentant plusieurs options. Il fallait en débattre et faire des choix. On ne s’attendait pas à un accord final, mais beaucoup espéraient un mandat accordé au président des négociations pour rédiger une première version du traité. Les délégués ont finalement élargi la version zéro avec 500 nouvelles propositions. Le texte provisoire est passé d’une trentaine de pages à plus d’une centaine.
Triplement de la production de plastique d’ici 2060
La grande majorité des pays souhaitent une réduction de la production du plastique. Mais une minorité, principalement les producteurs de pétrole comme l’Arabie saoudite, priorisent la gestion des déchets plastiques. Ils sont accusés par les défenseurs de l’environnement de bloquer l’avancée des discussions. Ceux qui demandent une approche volontaire s’opposent aussi à ceux qui souhaitent des mesures contraignantes.
La production annuelle de plastique dans le monde pourrait tripler d’ici 2060 si rien n’est fait. Seulement 9% est recyclé aujourd’hui. L’urgence de trouver une solution fait donc consensus. Plusieurs délégués souhaitaient avoir des réunions intermédiaires avant les prochaines négociations. Un point sur lequel ils n’ont cependant pas réussi à s’accorder.
Pour Ana Rocha, directrice des Politiques relatives au plastique au sein de Gaia, the Global alliance for incinerator alternatives, une alliance de la société civile de lutte contre la pollution plastique, les discussions piétinent.
« Pour moi, le point positif de la semaine a été de voir certains pays camper sur leurs positions pour aboutir à un traité ambitieux. Je pense notamment aux pays africains et aux îles du Pacifique. Le négatif a été de voir certains pays défendre leurs propres intérêts et promouvoir la gestion des déchets sans régulations sur la production du plastique. Ce groupe est très minoritaire mais très bruyant, alors que nous avons cinquante ans de preuves que la gestion des déchets ne suffit pas pour faire face à la crise du plastique. La seule façon d’y faire face de manière significative c’est d’en réduire la production », affirme-t-elle.
« Un document très long et très compliqué »
« Au final, nous n’avons pas vraiment eu de négociations, mais plutôt des commentaires qui ont été ajoutés à la version zéro du traité. Le document qui faisait 30 pages initialement en fait désormais plus de 100. C’est un peu contre-productif selon moi. Nous avons désormais un document très long et très compliqué, ce qui, je pense, va rendre les négociations plus difficiles. Malgré tout, je reste positive, je suis convaincue que nous pouvons aller de l’avant. Certes, nous n’avons pas fait beaucoup de progrès à Nairobi mais cela ne veut pas dire que nous ne pourrons pas en faire à l’avenir », ajoute Ana Rocha.